La Banque Royale, le producteur d'uranium Cameco, le boulanger George Weston et la minière Teck Resources font partie des entreprises canadiennes qui pourraient sauter dans la vague de fusions et acquisitions qui déferle dans le monde, selon un rapport de la banque Credit Suisse publié cette semaine.

L'étude montre que l'argent qui dort actuellement dans les coffres des entreprises canadiennes s'approche d'un sommet historique. Les dépenses en investissement des entreprises, pourtant, sont anormalement basses. De là à conclure que bon nombre d'entre elles sont en train d'accumuler de l'argent pour acheter une rivale ou orchestrer une fusion, il y a un pas que les auteurs n'hésitent pas à franchir.

«Nous croyons que les conditions de marché sont propices à ce que plusieurs entreprises canadiennes s'engagent dans des activités de fusions et acquisitions», écrit Credit Suisse.

En identifiant les entreprises qui présentent des pics historiques dans leurs liquidités et des creux dans leurs investissements, les auteurs vont même jusqu'à pointer précisément lesquelles sont susceptibles d'acheter bientôt.

FUSIONS ET ACQUISITIONS PAR SECTEUR

Consommation discrétionnaire

Dans le secteur de la consommation discrétionnaire, Crédit Suisse note que Corus Entertainment pourrait récupérer certains actifs qui seront largués à la suite de l'acquisition de Canwest par Shaw. Thomson Reuters serait susceptible de poursuivre son programme de petites et moyennes acquisitions, tandis que l'exploitant de casinos Great Canadian Gaming pourrait aussi passer à l'action.

Consommation courante

George Weston, qui regroupe les épiceries Loblaw et le boulanger Weston Foods, se bâtit une réserve croissante de liquidités.

Énergie

Dans le secteur de l'énergie, le producteur d'uranium Cameco est bien positionné pour mener une consolidation de son industrie. La pétrolière Enbridge termine actuellement un vaste programme de capitalisation qui lui donnera des munitions pour avaler des cibles dans des activités d'énergie renouvelable et de pipelines de gaz.

Institutions financières

Quant aux financières, les incertitudes reliées aux nouvelles règles internationales qui régiront bientôt les banques freinent les ardeurs du secteur. Reste que selon Credit Suisse, la Banque Scotia pourrait aller acheter en Amérique Latine tandis que la TD pourrait profiter des difficultés américaines pour s'étendre au sud de la frontière. La Banque Royale est susceptible d'acquérir des boîtes de gestion d'actifs. Les liquidités grandissantes de Brookfield Asset Management pourraient bien être un «signal d'acquisitions potentielles».

Industrielles

Parmi les industrielles, Credit Suisse pointe les québécoises CAE (simulateurs de vol) et SNC-Lavalin (ingénierie) comme susceptibles de faire des acquisitions prochainement. La banque mentionne aussi les fournisseurs d'équipement Finning International et Toromont Industries, qui ont tous deux des liquidités bien au-dessus de leurs niveaux habituels.

Technologies de l'information

Du côté des technologies de l'information, deux noms retiennent l'attention. D'abord Celestica, un fabricant d'appareils électroniques qui assemble notamment le BlackBerry. L'entreprise vient de payer ses dettes et a 750 millions en poche. Et tant qu'à parler du BlackBerry, son fabricant, Research in Motion, pourrait aussi passer à la caisse pour acquérir de la propriété intellectuelle.

C'est dans le secteur des matériaux que les acheteurs potentiels sont les plus nombreux. En général, ces entreprises possèdent d'importantes liquidités qui attendent impatiemment d'être redéployées. La liste de Credit Suisse inclut Agrium, Breakwater Resources, Capstone Mining, Franco Nevada, Goldcorp, Hudbay Minerals, Lundin, Pan American Silver, Teck Resources, Taseko et Sino-Forest.

Services publics

Du côté des services publics, les analystes observent que le producteur d'électricité Capital Power Corporation est mieux capitalisé que plusieurs de ses rivaux, ce qui pourrait l'inciter à magasiner aux États-Unis. TransAlta Corporation risque aussi de profiter des prix d'aubaine au sud de la frontière. Fortis, de Terre-Neuve, s'annonce «disciplinée mais active» du côté des fusions et acquisitions.