Le déficit commercial du Canada a presque doublé en juin, les exportations s'étant écroulées, ce qui vient accentuer le ralentissement de la reprise économique du pays.

Le rapport dévoilé mercredi par Statistique Canada, jumelé à la publication d'un document aux conclusions similaires au sud de la frontière, laisse croire que la reprise économique nord-américaine est entrée dans une phase critique après avoir solidement rebondi au début de l'année.

«C'est simplement malheureux que nous ayons un tourbillon de rapports qui, après avoir semblé solides il y a à peine quelques semaines, semblent soudainement prendre toute cette vigueur», a observé l'économiste Douglas Porter, de BMO Marchés des capitaux.

«S'il s'agissait d'un rapport isolé, je ne ferais pas grand cas des chiffres sur le commerce, mais malheureusement, cela s'inscrit dans une mosaïque qui pointe dans la même direction: celle d'une croissance plus modérée.»

M. Porter a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour le deuxième trimestre, les faisant passer de 2,7% à 2,3%, bien en deçà des prévisions de 3 à 5% de la Banque du Canada pour la même période.

Les exportations de marchandises du Canada ont reculé de 2,5% en juin, menées par le déclin des exportations de biens industriels, a indiqué mercredi Statistique Canada dans son rapport.

Les importations ont diminué de 1,2% en raison d'une baisse importante des importations de produits énergétiques, a ajouté l'agence fédéral.

Les exportations sont pour leur part passées de 34,4 milliards $ en mai à 33,5 milliards $ en juin, en raison d'un recul de 1,2% des prix à l'exportation et d'une diminution de 1,3% des volumes.

Par conséquent, le déficit commercial du Canada avec le monde s'est élargi, passant de 695 millions $ en mai à 1,1 milliard $ en juin.

Les nouvelles étaient encore pires aux États-Unis, compte tenu que l'économie nationale, déjà passablement affaiblie, comptait sur les exportations pour garder sa reprise sur le respirateur artificiel.

Le déficit commercial des États-Unis a gonflé de 19% pour atteindre 49,9 milliards $ US en juin, soit bien davantage que prévu. Le déficit est à son plus haut niveau depuis octobre 2008.

«C'est spectaculairement terrible», a estimé Ian Shepherdson, économiste en chef de High Frequency Economics, dans une note à ses clients. «Tôt ou tard, les importations doivent reculer, mais entre-temps, notez que les données de juin (...) annoncent une révision à la baisse» de 0,4% de la croissance.

Les économistes espèrent toujours que les données de juillet seront meilleures, particulièrement au Canada, où le secteur automobile semble avoir connu un bon mois.

Mais les rapports de mercredi, qui surgissent moins de 24 heures après que la Réserve fédérale des États-Unis eut averti que la croissance serait plus faible que prévu, ont inquiété les investisseurs à travers le monde.

Selon M. Porter, la probabilité de voir une récession à double fond aux États-Unis - qui pourrait avoir des conséquences au Canada - est maintenant plus forte.

Le détail des chiffres sur le commerce canadien offre peu de réconfort, si ce n'est que pour rappeler qu'ils font suite à un mois de mai particulièrement solide.

Les exportations vers les États-Unis ont baissé de 1% en raison de la faiblesse des exportations de produits énergétiques, tandis que les importations augmentaient de 0,8%. Par conséquent, l'excédent commercial du Canada avec les États-Unis s'est rétréci, passant de 3,4 milliards $ en mai à 3 milliards $ en juin.

Les exportations vers les pays autres que les États-Unis ont régressé de 7%, surtout en raison du déclin des exportations vers l'Union européenne. La baisse des exportations ayant dépassé la diminution de 4,6% des importations, le déficit commercial du Canada avec les pays autres que les États-Unis s'est accru, passant de 4,1 milliards $ en mai à 4,2 milliards $ en juin.

Le principal gain est venu des exportations de machines et d'équipement, qui ont augmenté de 3,7% pour atteindre 6,5 milliards $, grâce surtout aux aéronefs.