La faiblesse des chiffres de l'emploi en juillet au Canada mais surtout aux États-Unis a ravivé les craintes d'une stagnation de la reprise économique.

En particulier chez nos voisins américains, où les Bourses ont frissonné avec l'annonce de pertes d'emplois pires que prévus: moins 131 000 postes en juillet et une forte majoration à 232 000 des pertes estimées en juin.

Les principaux indices de la Bourse américaine ont reculé de presque de 2% en cours de séance, hier, avant de clôturer en recul moins marqué.

En parallèle, le taux de rendement des Bons du trésor américain est momentanément passé sous 0,5%, un plancher historique qui traduit la faiblesse de la reprise de l'économie.

Le taux de chômage aux États-Unis a stagné à 9,5% en juillet. Mais le taux de sous-emploi, qui comprend le temps partiel involontaire et les «décrocheurs» de recherche d'emploi, est maintenant estimé à 16,5%.

Au Canada, en comparaison, la perte nette de 9300 emplois mesurée en juillet par rapport à juin s'avère presque un accroc statistique, après des mois de création d'emplois.

«La tendance de l'emploi demeure excellente, et tout porte à croire que d'autres gains seront observés au cours des prochains mois. Le Canada est sur le point de combler totalement les emplois perdus durant la récession», observe Benoît Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins.

À la Banque Nationale, l'économiste Yanick Desnoyers estime aussi que «malgré les chiffres légèrement négatifs, le rapport de juillet n'est d'aucune manière un indice de faiblesse du marché du travail canadien.»

Pourtant, la perte de 139 000 postes à temps plein en juillet, telle que mesurée par Statistique Canada, pourrait suggérer un ralentissement de la reprise économique.

Et au Québec en particulier, où la perte de 20 900 emplois en juillet - la pire parmi les provinces - contraste avec le regain fort des derniers mois.

Le taux de chômage au Québec est d'ailleurs remonté de 7,8% en juin à 8,2% en juillet. Il dépasse désormais le taux pancanadien (8%) mais demeure inférieur au taux ontarien (8,4%).

Toutefois, parce qu'une part inhabituelle des pertes d'emploi de juillet seraient survenues en éducation, en pleines vacances d'été, les économistes doutent de la signification réelle de ces données.

«La baisse de l'emploi en juillet est la première à survenir depuis le début de l'année. Elle ne signale pas encore un changement fondamental dans l'économie, même que le nombre élevé de pertes d'emplois en éducation apparaît comme une anomalie saisonnière», selon Douglas Porter, économiste à la Banque de Montréal (BMO).

En contrepartie des pertes d'emplois à temps plein, un nombre relativement élevé de 129 700 postes à temps partiel ont été créés en juillet au Canada.

Aussi, parmi les secteurs fragiles de l'économie, celui de la fabrication de biens a encore créé 40 000 emplois en juillet.

«Somme toute, le rapport de l'emploi au Canada en juillet n'a rien d'alarmant. Pour le reste de l'année, nous prévoyons que l'emploi se maintiendra à un niveau relativement élevé, avec des gains mensuels moyens d'environ 18 000 postes», selon Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

À Ottawa, le premier ministre Stephen Harper a estimé que les données de l'emploi en juillet, même mitigées, ne justifiaient pas de nouvelles mesures économiques de la part du gouvernement fédéral.

«Pour le moment, je ne vois certainement aucune indication en faveur d'un second programme de stimulants, a dit M. Harper.

«Mais évidemment, nous surveillons la situation. Les chiffres de l'emploi démontrent que la reprise économique mondiale demeure fragile.»

- Avec Bloomberg