Malgré les 139 000 emplois à temps plein perdus au Canada en juillet, le premier ministre Stephen Harper écarte l'idée de lancer un deuxième plan de relance économique.

Les données sur l'emploi publiées vendredi par Statistique Canada constituent le premier recul affiché par ce secteur depuis le début de l'année. Ce dur coup a toutefois été atténué par la création de 129 700 emplois à temps partiel durant la même période. L'organisme fédéral a donc fait état d'une perte nette de 9 300 emplois pour le mois de juillet.

Cette perte nette s'est néanmoins traduite par la première hausse en 11 mois du taux de chômage, qui est passé de 7,9 à 8%.

La situation de l'emploi aux États-Unis n'est pas à envier non plus: la perte nette pour juillet s'y est élevée à 131 000 emplois - quoiqu'il s'agisse d'un résultat faussé dans la mesure où il tient compte de la suppression de dizaines de milliers d'emplois temporaires dans le secteur public.

Ces résultats étaient pires que ce que les analystes avaient prévu de part et d'autre de la frontière, et les marchés boursiers de Toronto et de New York ont vite réagi de façon négative. En avant-midi, le huard avait chuté de un cent face au dollar américain.

À sa sortie de la résidence de la gouverneure générale à l'issue d'un léger remaniement ministériel, Stephen Harper a affirmé qu'il ne croyait pas que l'économie canadienne se dirigeait de nouveau vers une récession.

«Les données sur l'emploi dévoilées aujourd'hui (vendredi) confirment ce que nous avons dit jusqu'à présent: la reprise économique mondiale demeure fragile», a-t-il fait valoir.

«La reprise ne se fera pas tout en douceur, mais les tendances ont été bonnes, de manière générale. En ce moment, je ne vois aucun signe indiquant la nécessité d'un deuxième plan de relance.»

La performance de l'économie du Canada a surpassé celle des États-Unis et d'autres pays durant la reprise, et ce, essentiellement grâce à la vigueur de l'embauche dans le secteur public, à la force du secteur du logement et de la construction et à une croissance constante dans l'industrie des ressources et de l'énergie de l'Ouest canadien.

Cependant, certains éléments moins positifs commencent à peser lourd sur l'économie canadienne, dont un ralentissement du marché de l'immobilier, des taxes de vente plus élevées en Ontario et en Colombie-Britannique et l'imminence de compressions des gouvernements provinciaux et fédéral pour éliminer leurs déficits budgétaires.

M. Harper a rappelé que la Banque du Canada avait commencé à augmenter ses taux d'intérêt, et que cela signifiait que son gouvernement se devait de réduire son déficit.

«Mais nous suivrons tout cela», a-t-il ajouté.

La création d'emplois avait atteint des sommets en avril (109 000 emplois) et en juin (93 000 emplois), et plusieurs experts avaient averti que de tels résultats n'étaient pas conséquents avec la croissance économique affichée par le Canada.

«Ces résultats semblaient être trop bons pour être vrais», a affirmé Avery Shenfeld, l'économiste en chef de CIBC Marchés mondiaux.

Au dire de M. Shenfeld, l'ajustement du mois de juillet rend la situation de l'emploi davantage conforme à la celle de l'économie canadienne.

L'économiste Douglas Porter, de la Banque de Montréal, a, quant à lui, jugé très suspects les 65 000 emplois perdus dans le secteur de l'enseignement durant le mois de juillet.

«Ce premier recul de l'emploi depuis décembre n'indique pas qu'il y a un renversement profond dans l'économie, a-t-il argué. Somme toute, ces données semblent être un très petit prix à payer pour les étonnantes croissances enregistrées précédemment, et l'essentiel, c'est que presque tous les emplois perdus durant la récession ont été récupérés très rapidement, en une année.»

Vendredi, Statistique Canada a précisé que l'emploi avait fléchi dans les services d'enseignement, ainsi que dans les secteurs de la finance, des assurances, de l'immobilier et de la location.

Le Québec a enregistré la pire performance au pays en juillet, 65 800 emplois à temps plein ayant été perdus dans la province. Le taux de chômage y atteignait 8,2%, dépassant désormais la moyenne canadienne. En juin, il s'élevait à 7,8%.

En Ontario, le taux de chômage s'établissait à 8,5% (contre 8,3% en juin), alors qu'au Nouveau-Brunswick, il atteignait neuf pour cent (9,3% en juin).