Les agriculteurs canadiens ont bénéficié d'un soutien d'une valeur de près de 8,3 milliards de dollars en 2009. Cela représente un bond de 52% par rapport à 2008, de loin la plus forte croissance annuelle de tous les pays de l'OCDE.

En fait, 20% des revenus bruts des agriculteurs canadiens ont été le fruit des différents programmes de soutien, financés soit par l'État, soit par les consommateurs. C'est une augmentation de sept points de pourcentage par rapport à 2008, révèle l'étude annuelle sur les politiques agricoles de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE).

Sur l'ensemble des pays analysés (11 pays en plus de l'Union européenne), le soutien à l'agriculture est passé de 21 à 22% en 2009, surtout en raison de la baisse des prix des denrées après les sommets atteints en 2008. Cette baisse a enclenché les programmes de soutien des prix et d'aide au revenu.

Au Canada, comme dans les autres pays ayant enregistré une forte hausse, un plus fort soutien aux prix des produits laitiers explique principalement le phénomène, selon l'OCDE.

Dans ce secteur sous gestion de l'offre et où le prix est fixé, les producteurs sont relativement épargnés par la baisse des prix mondiaux, comme ce fut le cas en 2009. Dans cette situation, le gouvernement ne subventionne pas directement les producteurs. C'est plutôt le consommateur qui paie le surplus entre le prix du marché mondial et le prix intérieur fixé. Plus le prix mondial est bas, plus la valeur du soutien est importante.

«L'OCDE est l'une des rares organisations à reconnaître que la gestion de l'offre est un système de soutien aux agriculteurs», note Sylvain Charlebois, vice-doyen à la recherche et aux études supérieures à l'Université de Guelph.

Sous la moyenne

Les programmes d'assurance fédéraux et provinciaux ont aussi été largement sollicités en 2009. Des fermiers de l'ouest du pays ont perdu des récoltes, tandis que les producteurs de porc et de boeuf ont eu la vie dure en raison des bas prix du marché.

«Nous avons des programmes archigénéreux et flexibles, soutient Sylvain Charlebois. On ne mise pas beaucoup sur les plafonds. Donc, si une filière perd beaucoup d'argent, ce sont les contribuables qui paient.» Notons qu'au Québec, la récente réforme du programme d'assurance stabilisation des revenus agricoles comprend un plafond des compensations.

Il n'en demeure pas mois qu'en proportion des revenus des producteurs, le soutien du Canada à son agriculture est passé de 36% à 17% de la période 1986-1988 à celle de 2007-2009. Cela place le pays sous la moyenne de l'OCDE, à 22%. Le Canada est beaucoup plus généreux que la Nouvelle-Zélande (1%), mais beaucoup moins que la Norvège (61%). Aux États-Unis, le soutien représente 9% des revenus des agriculteurs.

OCDE

L'augmentation du soutien agricole dans l'ensemble de la zone OCDE (de 21 à 22%) est la première depuis 2004.

Depuis 25 ans, le soutien agricole a d'ailleurs fortement régressé.

Pour la période 2007-2009, la valeur de ce soutien dans les pays de l'OCDE s'est élevée à 375 milliards US, soit 0,9% du produit intérieur brut (PIB) global. Cette proportion était de 2,3% il y a un peu plus de 20 ans.

L'organisation internationale recommande à ses pays membres de mieux cibler leurs interventions dans le secteur agricole en limitant les compensations en cas de bas prix (comme les assurances) et en évitant «d'isoler les consommateurs des fluctuations de prix» (comme la gestion de l'offre).

«L'OCDE invite les pays à faire une transition vers des programmes qui ne sont pas liés à la quantité de production, de façon à ce que la production soit fonction de signaux du marché», explique Bruno Larue, titulaire de la chaire de recherche du Canada en commerce international agroalimentaire à l'Université Laval.

L'OCDE veut couper le lien entre production et paiements gouvernementaux parce qu'elle estime que cela mène à une distorsion du marché, surtout si plusieurs pays utilisent ce genre de programmes, précise M. Larue.