Quand il a tenté de se faire élire maire d'une banlieue de Vancouver en 1999, Michael Reilly n'a pas soufflé un mot de ses véritables motivations à ses concitoyens. Une décennie plus tard, alors qu'il tente de déduire ses dépenses électorales dans sa déclaration de revenus, l'ancien politicien passe aux aveux: il se présentait à la mairie de Delta uniquement par appât du gain.

«C'était strictement une décision d'affaires. Je n'étais pas passionné par aucun des enjeux électoraux, outre le fait que je voulais avoir une plus grande réputation dans la ville (...) (Me faire élire) était strictement une décision d'affaires (...) Le salaire est d'environ 100 000$ par année, alors c'était un bon emploi. (...) Ç'aurait été un contrat de trois ans durant lequel j'aurais gagné de l'argent. C'était mon seul intérêt. Je n'ai pas vraiment écouté les citoyens, j'ai écouté les entreprises», a dit Michael Reilly dans son témoignage durant son litige avec l'Agence du revenu du Canada.

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M. Reilly a finalement perdu l'élection de 1999, prenant le troisième rang avec 11% des votes dans cette municipalité d'environ 100 000 résidants. Il tente maintenant de déduire ses dépenses électorales de 31 978,91$ de son salaire gagné comme promoteur immobilier en 2001. «Comme promoteur immobilier, c'est important d'avoir une réputation, explique Michael Reilly en entrevue à La Presse Affaires. Les gens doivent vous connaître pour vous confier des projets. C'est pour cette raison que j'ai décidé de faire de la politique.»

S'il gagne sa cause, Michael Reilly créerait une brèche dans le régime fiscal canadien: les politiciens de partout au pays pourraient déduire leurs dépenses électorales dans leur propre déclaration de revenus.

Il y a deux semaines, la Cour canadienne de l'impôt a rejeté la cause de l'ex-candidat à la mairie de Delta, qui s'est représenté lui-même devant le tribunal fiscal fédéral. L'explication du juge Wyman Webb, qui n'a pas tranché le litige au fond: les dépenses électorales en question ont eu lieu en 1999 et non en 2001, l'année où M. Reilly voulait les déduire.

Michael Reilly, qui a aussi tenté sans succès de devenir conseiller municipal en 2002 et maire en 2008, a l'intention de porter en appel sa cause contre l'Agence du revenu du Canada. «J'ai jusqu'à la mi-septembre pour déposer mon appel, dit-il en entrevue à La Presse Affaires. La cour n'a pas tranché le litige, elle a seulement dit que je n'avais pas déduit les sommes durant la bonne année. Je vais donc demander de déduire les sommes en 1999.»