Les huit pays les plus industrialisés de la planète devaient se retrouver vendredi à Huntsville, loin des regards, sous la pression des États-Unis déterminés à éviter que leurs partenaires européens n'étouffent la reprise économique naissante.

Le président américain Barack Obama a appelé vendredi ses collègues du G8 mais aussi du G20, qui rassemble pays riches et émergents, à agir ensemble pour éviter une nouvelle crise économique alors que l'inquiétude renaît sur la solidité de la reprise mondiale.

«Nous devons agir de concert pour une raison simple: cette crise a prouvé -et les éléments continuent de le démontrer- que nos économies nationales sont inextricablement liées», a-t-il dit.

«Et la tourmente économique peut facilement se propager», a affirmé M. Obama, arrivé au Canada renforcé par l'accord trouvé dans la nuit au Congrès sur un projet de réforme de la régulation financière.

Ce nouvel avertissement, quelques jours après une lettre dans laquelle il appelait déjà ses partenaires à «renforcer la reprise», apparaît comme une nouvelle mise en demeure des États-Unis aux Européens. Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a ainsi appelé vendredi l'Europe à «faire le choix de mettre en oeuvre des réformes et politiques susceptibles de déboucher sur des taux de croissance plus élevés à l'avenir».

Le monde «ne pourra pas dépendre des États-Unis autant que dans le passé», a-t-il prévenu, alors que les chiffres de la croissance américaine au 1er trimestre ont été revus à la baisse.

Les Européens, mis au pied du mur, ont cherché à se défendre, assurant que les politiques d'austérité décidées ces derniers mois en Allemagne, Grande-Bretagne ou France, ne remettaient pas en cause la reprise.

L'Europe est certes d'accord pour renoncer aux plans de soutien lancés au plus fort de la crise, mais elle le fera sans «changement brusque d'une journée à l'autre», a assuré jeudi devant la presse le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso.

Et si l'Europe entend bien réduire ses déficits, elle le fera en donnant «la priorité à des stratégies favorisant la croissance», a assuré de son côté le président du Conseil européen Herman Van Rompuy, ajoutant que c'était «la confiance» qui assurerait la croissance en Europe.

Les États-Unis et l'Europe n'ont pas de divergences sur la stratégie à adopter pour préserver la reprise économique mondiale, a affirmé le porte-parole du Premier ministre britannique David Cameron à Huntsville (Canada).

Invités de Stephen Harper (Canada), Barack Obama, Dmitri Medvedev (Russie), Nicolas Sarkozy (France), Angela Merkel (Allemagne), Silvio Berlusconi (Italie), et les deux nouveaux du groupe, Naoto Kan (Japon) et David Cameron, devaient déjeuner et dîner à huis clos à Huntsville, lieu de villégiature de l'Ontario niché dans la forêt canadienne, au bord d'un lac, et où le dispositif de sécurité est omniprésent.

Dans le grand hôtel qui les accueille à 220 km au nord de Toronto, où a été regroupée la presse internationale, les huit chefs d'État et de gouvernement devaient être rejoints dans l'après-midi par six chefs d'États africains et trois de pays d'Amérique centrale et du sud.

Lors de leur déjeuner, les huit évoqueront la situation économique mondiale, lors de leur dîner, la nouvelle gouvernance en gestation de la planète.

Les détails, comme les projets de taxe bancaire ou de contribution sur les transactions financières, seront abordés samedi soir et dimanche par le G20, qui se tiendra à Toronto.

Londres, Paris, Berlin et Washington ont invité le G20 à accepter une taxe bancaire, mais le Canada, la Russie, la Chine, l'Inde et l'Australie y sont opposés.