La crise a changé bien des choses, mais le défi économique le plus pressant du Canada reste le même qu'avant: trouver une manière de relancer la croissance de la productivité, pour l'instant anémique. Car jusqu'à maintenant, les entreprises canadiennes ne sont pas à la hauteur.

La croissance de la productivité est au ralenti au Canada depuis les années 70, constate Don Drummond, qui vient de quitter son poste d'économiste en chef de la Banque TD et qui agit maintenant à titre de conseiller économique pour la même institution.

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Les entreprises canadiennes traînent la patte par rapport à leurs consoeurs américaines. Et malgré des mesures d'incitation importantes mises en place par les gouvernements, elles ne suivent pas le rythme en matière d'investissements et d'innovations.

De 2002 à 2007, le dollar canadien était fort, les taxes sur le capital et l'impôt sur le revenu des sociétés ont reculé, les bilans des entreprises se sont améliorés. Bref, le moment pour investir était parfait.

Pourtant, les investissements en machinerie et équipement ont augmenté d'à peine 5% par année, note Don Drummond dans un rapport publié hier.

En fait, les entreprises canadiennes ont sous-investi dans les équipements clé et n'ont pas suivi la cadence des autres pays de l'OCDE en matière de recherche et développement. Elles n'ont pas amélioré non plus les autres aspects de la productivité, par exemple en ce qui concerne les méthodes plus efficaces de gestion.

Que faire? Les gouvernements doivent continuer à mettre en place des politiques favorables à la productivité et développer une main-d'oeuvre qualifiée, soutient M. Drummond.

De leur côté, les entreprises doivent investir mieux et davantage dans leurs équipements, tout en étant plus innovantes. Enfin, les économistes et chercheurs doivent mieux comprendre les moteurs et les freins de la productivité.

Un enjeu récurrent

Don Drummond tape sur un clou qu'ont déjà martelé plusieurs acteurs économiques.

En mars, la Banque du Canada avait insisté sur l'importance d'améliorer la productivité pour faire face aux économies émergentes qui connaissent des taux de croissance deux à trois fois plus grands que le Canada.

En septembre 2009, la présidente du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, avait déclaré que sans gain notable de productivité, le vieillissement de la population allait plomber dramatiquement les perspectives économiques québécoises.

En décembre, la Fédération des chambres de commerce du Québec avait aussi lancé un appel à l'investissement aux entreprises de la province, qui affichent une productivité plus faible que le reste du Canada.