La forte croissance du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre est une bonne nouvelle pour les finances publiques du Québec et du Canada. Tout indique que les déficits budgétaires seront moindres que prévu.

«C'est clair que ça favorise une augmentation des rentrées fiscales. Il y a une forte corrélation entre la croissance économique et les revenus des gouvernements», a dit l'économiste Maucice Marchon, de HEC Montréal.

Certes, les experts s'entendent pour dire que cette augmentation annualisée de 6,1% du PIB au premier trimestre ne se répétera pas au cours des prochains mois. Néanmoins, cette forte progression permettra d'avoir une année 2010 meilleure que prévu, ce qui est de bon augure pour les finances publiques.

Au début mars, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, avait conçu son budget sur la base d'une croissance économique de 2,6% en 2010. Or, avec les chiffres du premier trimestre, la croissance de 2010 oscillera plutôt entre 3,3 et 3,5%, juge Benoit Durocher, économiste au Mouvement Desjardins. Maurice Marchon prévoit même une croissance de 3,6 à 3,7% en 2010, soit près d'un point de pourcentage de plus que la prévision de Jim Flaherty.

La semaine dernière, les plus récentes données du gouvernement fédéral indiquaient que le déficit de l'année qui s'est terminée le 31 mars 2010 serait significativement moindre que prévu. Au lieu de 53,8 milliards, on prévoit maintenant 47 milliards.

Au rythme où vont les choses, le déficit de 2010-2011 sera aussi plus faible. En mars, Jim Flaherty avait ciblé 49,2 milliards. Compte tenu de la révision à la baisse des 53,8 milliards et de la plus forte croissance du PIB, le déficit de l'année en cours pourrait peut-être reculer sous la barre des 40 milliards.

Chaque variation d'un point de pourcentage du PIB réel a un impact important sur le déficit. Au fédéral, l'impact net est de 3,1 milliards, est-il indiqué dans le dernier budget Flaherty.

Situation du Québec

Au Québec, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a construit son budget en tablant sur une croissance économique de 2,6%. Au regard des chiffres publiés hier, Benoit Durocher estime que le Québec aura plutôt une croissance d'environ 3% en 2010. Selon les estimations de Desjardins, chaque variation d'un point de pourcentage du PIB hausse les recettes du Québec d'environ 500 millions.

Il y a deux semaines, Benoit Durocher estimait que le déficit québécois de l'année terminée le 31 mars dernier serait de 300 à 800 millions moindre que les 4,3 milliards prévus. Pour 2010-2011, le déficit serait également moins élevé que les 4,5 milliards envisagés par le gouvernement. L'écart à la baisse serait semblable à 2009-1010, selon M. Durocher.

Avant de crier victoire, les économistes sont toutefois prudents. D'abord, la forte croissance des deux derniers trimestres s'explique notamment par l'importance des dépenses gouvernementales effectuées dans le contexte de la crise. Or, ces dépenses ne reviendront pas.

Ensuite, le contexte a favorisé un boom de l'immobilier résidentiel. D'une part, les acheteurs ont attendu après la récession du printemps 2009 pour passer à l'acte, question de confiance. D'autre part, nombre de familles ont précipité leurs achats ces derniers mois pour profiter des faibles taux d'intérêt avant qu'ils ne remontent.

Logique semblable pour la rénovation: les ménages ont devancé leurs travaux l'an dernier pour profiter des programmes de subventions. «La croissance devrait être plus modérée au cours des prochains trimestres», avertit Benoit Durocher.

Maurice Marchon suggère aux gouvernements «de garder le cap et de continuer à être rigoureux avec leurs dépenses pour éliminer le déficit le plus rapidement possible».