Le premier ministre Stephen Harper a mis un terme à son voyage de cinq jours en Europe, samedi, en réitérant son appel à une baisse de l'endettement des gouvernements à travers le monde et en les invitant à suivre l'exemple du Canada.

À Berlin où il rencontrait la chancelière allemande Angela Merkel avant de rentrer au pays, M. Harper est revenu sur le sujet qui a dominé les discussions au cours de sa visite de quatre pays depuis mardi: l'économie et la situation préoccupante de la Grèce.

Mme Merkel revenait à peine de Bruxelles, où les chefs de gouvernements des 27 pays de l'Union européenne ont convenu dans la nuit de vendredi à samedi que le plan de sauvetage de la Grèce ne suffirait pas pour contenir l'hémorragie et que plus de mesures s'imposaient.  

Ces mesures incluent la mise sur pied d'un fonds de soutien pour les membres de la zone euro en difficulté financière ainsi qu'un appel lancé aux pays membres à réduire leur déficit et à réglementer davantage leurs marchés financiers.

Angela Merkel et d'autres dirigeants européens dénoncent depuis quelques jours la spéculation à laquelle se livrent certains acteurs du secteur financier, spéculation qui aggraverait la situation, selon eux.

«Je ne nie pas que la spéculation financière ait été un facteur dans ce que nous observons en Europe, a quant à lui noté Stephen Harper, lors d'un point de presse à la Chancellerie allemande. Mais je ne pense pas que l'on devrait oublier qu'à la base, la crise ici ne trouve pas racine dans le secteur financier; mais plutôt dans les finances de certains gouvernements.»

Il a souligné que le Canada, comme l'Allemagne, n'avait pas à s'inquiéter à cet égard, puisque son niveau d'endettement demeurait relativement bas. Il est allé jusqu'à appeler les autres pays à suivre l'exemple canadien dans sa lutte au déficit. «Il sera essentiel que tous les pays se dotent de plans semblables pour rassurer les marchés financiers», a-t-il dit.

Outre l'Allemagne et les Pays-Bas, Stephen Harper s'est rendu en Belgique et en Croatie, depuis son départ d'Ottawa mardi. Il a terminé son voyage samedi dans un cimetière berlinois, pour visiter la tombe de deux soldats, l'un de Calgary et l'autre, de Colombie-Britannique. Samedi marquait le 65e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est à Berlin que les alliés avaient ultimement signé l'acte de capitulation.  

À l'ordre du jour du G-20

La crise financière européenne et la manière d'en éviter d'autres promettent d'occuper le haut du pavé lors des pourparlers des sommets du G-20 et du G-8, qui se tiendront en juin en Ontario. C'est à titre de président des deux rassemblements et pour en discuter l'ordre du jour que M. Harper visitait sa vis-à-vis allemande.

Au terme de la rencontre, le premier ministre a indiqué qu'une partie de ces discussions inciteraient les pays à adopter une réglementation plus serrée de leurs secteurs financiers. À cet égard, il a dénoncé ceux qui tardent à mettre en branle les réformes proposées dans le passé - prenant bien soin de ne nommer personne.

M. Harper et Mme Merkel n'ont toutefois pas abordé publiquement un autre sujet qui sera à l'ordre du jour au G-20 et pour lequel Ottawa ne s'entend pas avec les pays de l'Union européenne: la possibilité d'imposer de nouvelles taxes aux banques pour éponger les coûts d'autres plans de sauvetage, le cas échéant.

Plus tôt cette semaine, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a présenté cette taxe comme une sorte d'assurance collective et une nécessité, compte tenu des vastes sommes dépensées par les contribuables de certains pays pour venir en aide au secteur bancaire lors de la crise financière des derniers mois.

M. Harper avait répliqué que le Canada n'avait pas eu à venir en aide à ses banques et qu'il serait injuste de leur imposer un tel fardeau fiscal.

Cinq invités au G-20

Sitôt atterri à Berlin, samedi midi, Stephen Harper a par ailleurs annoncé que les Pays-Bas, l'Espagne, l'Éthiopie, le Malawi et le Vietnam seraient les pays invités à participer au sommet du G-20 à Toronto cet été.

En tant que pays hôte, le Canada pouvait inviter jusqu'à cinq pays pour s'ajouter aux 19 du groupe et à l'Union européenne.

Un porte-parole du premier ministre a expliqué le choix en disant que l'Espagne et les Pays-Bas étaient présents lors du dernier sommet, à Pittsburgh. De passage aux Pays-Bas plus tôt cette semaine, M. Harper avait d'ailleurs vanté l'éthique de travail et la contribution de son homologue néerlandais lors de ces rencontres.

L'entourage du premier ministre a enfin expliqué l'invitation faite au Vietnam par le fait qu'elle occupe cette année la présidence de l'Association des nations d'Asie du sud-est; le Malawi pour sa présidence de l'Union africaine et l'Éthiopie, en raison de sa bonne performance économique.