À la veille de la rencontre des ministres des Finances du G20, le ministre canadien des Finances, Jim Flaherty, n'a pas démordu, jeudi, et a soutenu que le Canada ne participera pas aux efforts qui visent l'imposition d'une taxe mondiale aux banques, destinée à protéger l'économie en prévision d'une nouvelle crise financière.

M. Flaherty a tenu ces propos alors qu'il venait de participer à un événement à Washington aux côtés du patron de Microsoft, Bill Gates. Défiant, le ministre a également affirmé -alors qu'il se trouvait devant l'imposant bâtiment du Trésor américain - que le Canada est un pays souverain qui peut diriger ses banques et ses institutions financières de la manière qui lui convient.

«À titre de ministre des Finances, je ne vais pas imposer une taxe aux banques canadiennes, qui ont bien performé lors de la crise financière», a-t-il dit. Selon lui, cela équivaudrait à punir les banques qui ont accompli un travail admirable au cours de cette période difficile.

Plus tôt au cours de la journée, le Fonds monétaire international (FMI) avait plaidé en faveur de l'imposition d'une nouvelle taxe pour les banques. Le dirigeant de l'institution, Dominique Strauss-Kahn, a affirmé que ce levier, combiné à une réglementation plus stricte dans l'industrie financière, réduirait le risque et l'impact d'un autre désastre économique éventuel.

Ce sujet sera d'ailleurs à l'ordre du jour des discussions de la rencontre du G20 qui se tiendra ce vendredi. Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques des puissances économiques s'entretiendront également avec le FMI et la Banque mondiale pour discuter de l'imposition d'une telle taxe.

Les États-Unis, le Royaume-Unis, la France et l'Allemagne sont en faveur de la proposition d'une nouvelle taxe qui paierait non seulement pour la dernière série de plans de sauvetage des banques mais également pour ceux à venir. Mais M. Flaherty est l'un des plus fervents opposants à cette idée parmi les joueurs du G20, affirmant que la taxe, en plus d'être injuste, pourrait contribuer à augmenter l'insécurité en réduisant le capital financier des banques.

À Ottawa, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a fait écho aux propos de M. Flaherty et a pressé les pays du G20 à rejeter l'imposition du levier. Selon lui, les discussions entourant ce sujet représentent une distraction par rapport à ceux qui sont au coeur de l'agenda de la rencontre.

«Ce que nous essayons de faire c'est de réduire la prise excessive de risques par les institutions. Nous croyons que la manière la plus directe de le faire est d'utiliser ce que le Canada a employé, soit de meilleurs ratios de levier et de normes propres et l'introduire d'un standard de liquidités...C'est vraiment la meilleure façon», a expliqué M. Carney.

M. Flaherty a dit qu'il comprenait l'initiative des autres pays de vouloir adopter une taxe mais que cela ne faisait aucun sens pour ceux dont les banques ne sont pas écroulés et qui n'ont pas eu de recours des plans de sauvetage. Selon lui, les circonstances particulières auxquelles certains états ont fait face ne s'appliquent pas de la même façon pour tout le monde.