Les vacanciers qui veulent profiter de la hausse du huard ont le choix: leurs dépenses aux États-Unis coûtent actuellement 20% de moins que l'an dernier. En Europe, l'économie est de 16%. Et il y a d'autres aubaines sur la longue liste de devises soldées.

En fait, dans un panier de 16 grandes devises, le huard canadien se fait battre seulement par les dollars australien et néo-zélandais et le réal brésilien. Les devises qui se comportent bien proviennent soit de pays riches en matières premières, soit d'endroits où les banques centrales offrent des taux d'intérêt plus alléchants, souligne Frédéric Mayrand, premier vice-président, marché des capitaux de BNP Paribas à Montréal.

Toutes les autres grandes devises - que ce soit le rand sud-africain, la livre anglaise, l'euro ou le dollar américain -, le dollar canadien les a battues. Et, dans certains cas, de beaucoup.

Ainsi, la chambre de motel en bordure de l'Interstate en Floride à 70$ US la nuit coûtait 83,51$ CAN l'an dernier. Cette année, c'est... 70$ CAN grâce au seul taux de change avantageux. Si vous optez pour une virée au Danemark, vous économiserez 16% sur vos achats payés en couronnes.

Les économies seront similaires pour les achats faits en euros. Par rapport à la monnaie européenne, plus de la moitié des gains du huard ont été réalisés depuis le début de 2010.

«Récemment, c'est beaucoup la crise en Grèce qui explique la faiblesse de l'euro, souligne M. Mayrand. Les données économiques étaient aussi passablement moins bonnes.» Sa banque estime d'ailleurs que l'euro devrait continuer à descendre.

Tant qu'à être en Europe, pourquoi ne pas prendre l'Eurostar et traverser la Manche? La pinte de bière et le fish & chips (au diable les clichés!) coûtent 15% moins cher qu'à pareille date l'an dernier. On a actuellement besoin de 1,54$ canadien pour acheter une livre sterling. On est loin des 2,25$ d'il y a seulement trois ans.

Outre l'état de l'économie, ce qui joue contre la livre ces dernières semaines, explique M. Mayrand, c'est l'instabilité créée par des élections dont le résultat est difficile à prévoir. «Un moment donné, les élections vont être passées.»

Interrogé hier sur les habitudes de voyage des touristes qui viennent ici, Jean-Marc Eustache, le grand patron de Transat, a indiqué que l'impact était minime.

«Je pense qu'il y aura ici moins d'Américains qui habitent près de la frontière, parce qu'eux sont très conscients de ce que ça vaut, un dollar canadien par rapport au dollar américain. Je ne pense pas que pour les touristes qui viennent de loin, les Américains qui viennent de Californie, ça change grand-chose.»

Les vins de la SAQ

Chose certaine, les amoureux de vins font mieux d'apporter eux-mêmes dans leurs valises deux bouteilles de l'étranger. Comme la majorité des produits de la SAQ est payée en dollars canadiens, les prix resteront les mêmes le plus souvent.

«C'est un choix qu'on donne aux fournisseurs (de se faire payer en devises de leurs choix)», explique la porte-parole de la SAQ, Linda Bouchard.

Pour les produits payés en euros, ils seront en baisse de près de 10% à la mi-mai par rapport à l'an dernier. Un exemple? Le Hoya de Cadenas Reserva se détaillera 14$ contre 14,40$ actuellement et 15,55$ il y a un an. L'économie est moindre que la baisse de la valeur de l'euro, car des frais comme le transport sur les routes du Québec est payé en dollar local.

Pour les produits des États-Unis, payés par la SAQ en dollars américains, l'économie est un peu plus grande.

Pour les entreprises, cette nouvelle hausse du huard signifie qu'il est peut-être temps d'acquérir de la nouvelle machinerie. Lors de la dernière montée du huard, Patrick Meunier, propriétaire de l'entreprise qui fabrique les sacs Cocotte, a acheté une nouvelle machine à coudre à 4500$.

La montée du huard lui a fait économiser de 1500$ à 2500$, explique-t-il. «C'est assez important comme différence», insiste celui qui exporte le quart de sa production.

Et il se demande s'il n'est pas temps d'en acheter une autre...

LE HUARD FACE AU MONDE

Gain (ou recul) du dollar canadien par rapport aux autres devises depuis un an:

AUSTRALIE (-7,7%)

NOUV.-ZÉLANDE (-3,7%)

BRÉSIL (-3,6%)

AFRIQUE DU SUD +1%

SUÈDE +2,1%

CORÉE DU SUD +3,8%

NORVÈGE +6,8%

SINGAPOUR +11,5%

MEXIQUE +11,6%

SUISSE +11,8%

TAIWAN +13,3%

ROYAUME-UNI +14,9%

JAPON +15,5%

DANEMARK +16,1%

ZONE EURO +16,2%

ÉTATS-UNIS +19,4%

Source: Bloomberg