Le Canada devrait songer sérieusement à élargir son programme d'immigrants investisseurs, puisqu'il génère une contribution économique de 2 milliards par année pour le pays, soutiennent les économistes Pierre Fortin et Roger Ware dans une nouvelle étude.

Selon le rapport, qui sera publié mercredi, chaque famille d'immigrant investisseur entraîne des retombées directes de 770 000 $ à 800 000 $ en moyenne. Le Canada reçoit environ 2500 immigrants investisseurs chaque année.

La plus grande partie de ces retombées - environ 720 000 $ - découle des dépenses effectuées pour acquérir des biens durables, que ce soient des actifs personnels ou d'entreprise. À cela s'ajoutent des «avantages indirects» pour les milieux d'affaires qui peuvent atteindre jusqu'à 30 000 $ par immigrant investisseur.

De plus, les gouvernements tirent quelque 45 000 $ du «prêt» que chaque immigrant investisseur doit consentir à l'État en s'installant au pays. En fait, les participants au programme doivent verser 400 000 $ à Ottawa ou à Québec, somme qu'ils récupèrent, sans intérêts, au bout de cinq ans. Les économistes ont calculé que ce «prêt» représentait une valeur d'environ 45 000 $ pour l'État, une fois déduits les coûts de gestion du programme.

Au Québec, 46% de ces fonds sont investis dans des PME qui n'ont pas de liens avec l'immigrant investisseur, 44% vont aux institutions financières qui font du recrutement à l'étranger, 4% sont versés dans un programme visant à intégrer les immigrés et les minorités visibles dans la population active, alors que 1% revient au ministère québécois de l'Immigration. Dans les autres provinces, les fonds sont consacrés à diverses initiatives de développement économique.

C'est la Colombie-Britannique qui reçoit la plus grande proportion des immigrants investisseurs du Canada, soit 49%. L'Ontario suit avec 23%, puis le Québec, avec 22%.

L'étude souligne que le temps de traitement des demandes atteint 31 mois, contre 12 mois en Australie et 14 semaines au Royaume-Uni. Les auteurs suggèrent d'accélérer le processus afin d'accepter davantage de requérants.

Établi en 1986 et modifié en 1999, le programme a permis jusqu'ici à 132 000 personnes d'immigrer au Canada à titre d'investisseurs. Environ 74% d'entre eux sont de descendance chinoise: 29% provenaient de Chine continentale, 23% de Hong Kong et 22% de Taiwan.

En plus de devoir confier 400 000 $ aux gouvernements, les immigrants investisseurs doivent posséder un avoir net d'au moins 800 000 $ ainsi qu'une expérience jugée adéquate dans le milieu des affaires et en gestion.