C'était vrai avant la récession, c'est à nouveau le cas avec la reprise: l'économie canadienne est promise à un meilleur sort que celle des autres membres du G7.

L'équipe des études économiques de Desjardins vient d'ailleurs de rehausser légèrement sa projection de croissance dans la livraison printanière de Prévisions économiques et financières. Pour 2010 et 2011, le produit intérieur brut réel canadien devrait avancer de 3,0% et 2,9%.

Cela en fera de loin la meilleure performance du G7. Les États-Unis suivront avec 2,7% et 2,4% tandis que l'expansion des cinq autres sera contenue sous les 2,0% cette année.

L'économie canadienne a reculé davantage que celle de la France et des États-Unis durant la dernière récession. Toutefois, ses finances publiques sont moins mal en point, son système bancaire moins ébranlé et, surtout, ses consommateurs affichent un meilleur bilan.

«La vigueur de l'économie interne fait du Canada un cas à part, lit-on dans le document paru hier. Les statistiques de croissance économique pourraient facilement être gonflées davantage par un revirement positif dans l'évolution des stocks, tout comme cela s'est produit aux États-Unis au quatrième trimestre.»

La croissance économique de nos voisins a été de 5,9% en rythme annuel durant l'automne, contre 5,0% chez nous. Au Canada toutefois, les entreprises ont déstocké durant cette période alors qu'elles ont stocké aux États-Unis.

La croissance soutenue obligera la Banque du Canada à devancer la Réserve fédérale américaine, la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne, dans le nécessaire resserrement de la politique monétaire exceptionnellement accommodante.

Comme bien d'autres équipes d'économistes du secteur financier, Desjardins croit désormais que le taux directeur de 0,25% augmentera dès le troisième trimestre. Il devrait atteindre 1,25% en fin d'année et le double, fin 2011. Aucune autre banque centrale du G7 ne sortira de touche cette année.

Cela va avoir pour effet d'aplatir la courbe des taux obligataires, c'est-à-dire l'écart de rendement entre les échéances courtes et longues.

Cela va aussi doper le huard contre les autres grandes monnaies. Desjardins le voit se négocier au-dessus de la parité avec le billet vert au moins jusqu'à la fin de l'an prochain. Notre monnaie va aussi s'apprécier contre l'euro et surtout face à la livre sterling.

D'autres éléments fondamentaux viendront le soutenir, dont les prix des matières premières qui profiteront de la reprise mondiale.

Desjardins voit le baril de brut revenir au-dessus des 100$US dans un futur prévisible.

Cela créera des pressions sur le Québec et l'Ontario, deux provinces dont les exportations reposent avant tout sur des biens manufacturiers.

L'économie du Québec avancera de 2,4% et 2,6% en 2010 et 2011 avant de ralentir aux environs de 2,0% par la suite. En décembre, Desjardins voyait la société distincte progresser de 1,8% seulement cette année.

L'Ontario, qui a été beaucoup plus touché par la récession avec deux années de contraction d'affilée rebondira cette année avec une croissance de 3,3% avant de revenir à une expansion plus soutenable de 2,7%, l'an prochain.