L'entente conclue entre le Canada et les États-Unis pour exempter les entreprises canadiennes de la clause protectionniste dite Buy American du plan de relance de Barack Obama est une victoire pour le libre-échange, estime le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.

    Et cette victoire ne pouvait survenir à un meilleur moment pour le Canada qui accueillera cet été à Toronto les pays membres du G20 pour discuter de l'état de santé de l'économie de la planète et des mesures qui s'imposent pour soutenir la reprise, a ajouté le chef de la diplomatie canadienne.

    Après plusieurs mois de négociations, Ottawa et Washington ont confirmé hier avoir conclu une entente qui permettra aux entreprises canadiennes de participer aux appels d'offres reliés aux projets d'infrastructures des 37 États américains qui ont ratifié l'Accord sur les marchés publics de l'Organisation mondiale du commerce.

En retour, les provinces canadiennes accepteront les soumissions des entreprises américaines pour des projets d'infrastructures financés à même les deniers publics. Les provinces devront d'ailleurs signer aussi l'Accord sur les marchés publics de l'OMC.

    Également, l'accord stipule que les entreprises canadiennes et américaines pourront jouir, au moins jusqu'au 30 septembre 2011, d'un accès préférentiel à certains programmes d'infrastructures financés en vertu du plan de relance américain, notamment par le ministère de l'Énergie ou celui du Logement et du Développement urbain.

    «En tant qu'hôte du G20, le Canada est les États-Unis sont maintenant les champions de la lutte contre le protectionnisme qui est un danger en période de reprise. (...) Quel exemple donnerions-nous au monde si nous, Canadiens, et les Américains nous étions incapables de nous entendre alors que nous sommes les partenaires économiques les plus importants de la planète», a affirmé M. Cannon dans une entrevue accordée à La Presse.

    «Cela va encourager la création d'emplois, les transactions commerciales et cela va stabiliser l'économie», a ajouté le ministre.

    L'entente sera ratifiée au plus tard le 10 février par le Canada, les provinces, les États-Unis et les États américains affectés. L'entente n'a pas à être ratifiée par la Chambre des communes ou le Parlement.

    En entrevue, M. Cannon a dit ne pas craindre une nouvelle offensive au cours des prochains mois par les démocrates au Congrès qui ont toujours été animés par un sentiment protectionniste.

    «Le Canada et les États-Unis se sont donnés quand même des balises pour prévoir ce genre d'événements. Nous nous sommes engagés à poursuivre les négociations. Il y a une volonté politique de poursuivre sur cette lancée», a dit le ministre.

    Le Canada et les États-Unis se sont par ailleurs entendus pour discuter, dans les mois à venir, de la possibilité d'élargir de façon permanente leurs accords en matière d'accès aux marchés.

    Même si les sommes prévues au plan de relance américain devaient à l'origine être engagées d'ici le 17 février, des fonctionnaires du ministère du Commerce ont indiqué qu'une partie des fonds réservés à ces fins n'avait pas encore été distribuée et que l'échéancier serait donc certainement retardé.

    Ils n'ont cependant pas été en mesure d'indiquer ce qu'il reste à dépenser du fonds de relance économique de 787 milliards de dollars US mis en place par l'administration de Barack Obama, et donc de préciser les retombées économiques dont pourrait jouir le Canada, ni le nombre d'entreprises qui pourraient en bénéficier.

    Les gens d'affaires ont salué l'annonce de cette entente. «Cette entente est importante. Elle représente un bon pas dans la bonne direction et place le Canada en meilleure position pour combattre les restrictions des dispositions 'Buy American' à l'avenir», a affirmé Jason Myers, le président de l'Association des manufacturiers et exportateurs du Canada.

    La Fédération canadienne des municipalités a exprimé sa satisfaction hier.  « Les Canadiens luttent énergiquement pour se sortir de la récession, mais il leur faut des règles du jeu égales à celles de leurs voisins du Sud. L'annonce d'aujourd'hui est donc encourageante pour eux», a affirmé le président de la FCM et maire de Summerside (Î.-P.-É.), Basil Stewart.

    Mais les partis de l'opposition ne partageaient pas cet optimisme hier. Pour le Parti libéral, cet accord arrive trop tard. «Nous avions besoin d'une entente plus solide et plus tôt. Cela aurait été mieux d'avoir une entente en mars dernier»,  a dit le député libéral Scott Brisson.

    Le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe a quant à lui affirmé qu'il préférait voir les détails de l'entente avant de la commenter.

- Avec La Presse Canadienne