Les investisseurs et les exportateurs s'interrogent. Que faut-il attendre du huard, qui fait le yoyo depuis deux mois?

À la mi-décembre, le dollar canadien a atteint un creux de 93,36 cents US. Progressivement, il s'est mis à monter, frôlant les 98 cents US le 14 janvier. À ce rythme, plusieurs voyaient rapidement le dollar à parité avec sa contrepartie américaine.

Or, depuis deux semaines, le dollar canadien a de nouveau chuté vers les 93 cents US, mais attention, il recommence à monter. Un vrai casse-tête! Hier, notre monnaie a terminé à 94,51 cents US, en hausse de 38 centièmes.

Les trois experts à qui nous avons parlé s'entendent sur une chose: le dollar canadien ne redescendra pas en bas de 90 cents US dans un avenir prévisible. D'abord, rappellent-ils, le huard est principalement influencé par le prix des matières premières, dont le Canada est un grand producteur. Or, le prix de ces matières aura tendance à grimper au cours des prochains mois, puisque la reprise économique créera une forte demande de ressources (mines, pétrole, etc.).

«Je ne vois pas comment le prix des matières premières, et donc le dollar, peut baisser fortement dans les prochains mois», dit l'économiste Marc Van Audenrode.

Miser sur une hausse

Maurice Marchon, professeur à HEC Montréal, est du même avis. S'il avait 1 million de dollars à investir dans le huard au cours des six prochains mois, il miserait sur une hausse. «On peut toucher la parité sans problème si l'économie croît plus rapidement», dit-il.

La croissance économique de la Chine (10%) et de l'Inde (8,5%) fera pression sur les prix. Maurice Marchon estime que le prix des matières premières croîtra significativement moins qu'en 2009, mais grimpera tout de même de quelque 10% en 2010.

Bien sûr, il faut garder à l'oeil le comportement de l'économie américaine, rappelle le stratège Vincent Delisle, de Scotia Capitaux. Le dollar américain prendra du muscle si jamais les signes d'une reprise intéressante s'y manifestent.

Cependant, les deux monnaies seront également influencées par la politique monétaire des deux banques centrales. Or, à ce chapitre, la Banque du Canada risque d'augmenter ses taux d'intérêt plus rapidement que la Réserve fédérale, ce qui jouera en faveur du huard. Vincent Delisle voit le dollar canadien fluctuer entre 92 et 97 cents US au cours des prochains mois.

Elle semble donc loin cette période pourtant pas si lointaine où le huard oscillait autour de 80 cents US, entre novembre 2008 et mai 2009, en pleine crise financière.

Il reste que si l'on se fiait uniquement au calcul de la parité des pouvoirs d'achat des deux économies, canadienne et américaine, notre monnaie serait plutôt à 88 cents US, selon Marc van Audenrode.

«Notre dollar ne répond plus à autre chose que le prix des matières premières. Il est complètement déconnecté de la réalité économique de l'est du Canada», dit-il.