Les régimes de retraite canadiens ont épongé l'an dernier la plus grande partie de leurs pertes historiques de 2008, marquées par l'effondrement des cours boursiers.

Cela n'aura pas suffi cependant à rétablir pleinement leur solvabilité. La valeur du passif s'est encore gonflée, compte tenu de la faiblesse historique des taux des obligations canadiennes à long terme. C'est la mesure de référence utilisée par les actuaires pour évaluer si un régime peut faire face à ses engagements envers ses participants actifs et retraités, en cas de terminaison.

«La baisse des taux d'intérêt servant au calcul du passif a fait en sorte que le passif s'est accru de façon plus importante que prévu, fait remarquer à La Presse Affaires Jean Bergeron, directeur principal chez Morneau Sobeco. Cette hausse du passif pourrait être de l'ordre de 3% à 5% pour une caisse de retraite typique.»

Au 31 décembre 2008, les obligations canadiennes venant à échéance en 2018 portaient un taux de 3,8%. Jeudi, les 10 ans se négociaient sur les marchés au taux de 3,6%.

L'an dernier, la Banque du Canada avait abaissé son taux directeur à trois reprises avant de le fixer à 0,25% et s'engager à l'y maintenir jusqu'au 30 juin. Cela a contribué à exercer des pressions à la baisse sur les taux à long terme.

Heureusement, la reprise naissante a ranimé le goût des investisseurs pour le risque et stimulé l'appréciation boursière.

Les caisses de retraite en ont profité. Leur rendement moyen en 2009 oscille entre 14,5% et 15,5%, si on se fie à la performance des principaux indices de référence.

Plus une caisse de retraite aura misé sur les actions canadiennes et plus elle aura été avantagée par la performance de l'indice phare de Toronto. Le S&P/TSX s'est apprécié de 35,1%, de janvier à décembre, en incluant les dividendes, et ce, en dépit d'un creux cyclique atteint en début de mars.

Le gros de ce gain s'est concrétisé aux deuxième et troisième trimestres. D'octobre à décembre, l'indice torontois aura gagné 3,9%, grâce au rallye du père Noël en décembre.

En revanche, le marché obligataire a connu une mauvaise fin d'année. L'Indice DEX Univers, qui sert d'étalon s'est retranché de 0,2% au trimestre à cause d'une contre-performance de -1,4% en décembre.

La première moitié de 2009 a cependant été plus féconde, de sorte que les obligations ont généré tout de même un rendement de 5,4% en 2009.

La perspective que les banquiers centraux (dont les canadiens) recommencent à serrer la vis en seconde moitié d'année n'offre guère de belles perspectives pour ce véhicule de placement cette année.

Il en va autrement des actions car les investisseurs regorgent encore de liquidités. «Près de l'équivalent de 28% du PIB (produit intérieur brut) américain dort dans des comptes à rendement quasi nul aux États-Unis», fait remarquer Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale.

L'écart entre les rendements boursier et obligataire a profité aux régimes de retraite qui peuvent investir davantage en actions. Voilà pourquoi Morneau Sobeco évalue à 15,5% le rendement d'une caisse dont 55% des billes étaient placées en actions l'an dernier, alors que celles qui ont limité leur mise à 45% ont dû se contenter de 14,7%.

Il s'agit d'une évaluation indicielle qui ne tient compte ni de l'apport de la gestion active, ni de la couverture de change.

L'an dernier, le dollar américain a perdu 13,7% de sa valeur, face au huard. Les placements en actions américaines en ont évidemment pâti. Le S&P 500 a généré un rendement de 26,5% en monnaie locale. C'est moins que son petit cousin canadien, mais c'est beaucoup plus que si on le mesure en dollars canadiens. La performance de maître-indice américain se limite alors à 9,1%.

La mesure des actions d'Europe, d'Asie et d'Extrême-Orient (l'indice MSCI EAEO) donne un rendement de 11,9%.

La grande surprise aura été les marchés émergents qui sont au coeur de la reprise mondiale, mais dont la performance est très volatile. L'an dernier, leur rendement indiciel s'est élevé à 52,0%, une performance qui se répète rarement deux fois d'affilée.