Plutôt que de la croissance économique fulgurante du géant asiatique, c'est de l'économie canadienne dont il a été question à l'arrivée de premier ministre Stephen Harper en Chine.

M. Harper a tenu à commenter, en avance, le quatrième rapport d'étape du plan d'action économique du gouvernement conservateur, qui sera présenté officiellement par le ministre des Finances, Jim Flaherty, mercredi après-midi, à Winnipeg. Si la présentation des trois précédents rapports d'étape avait été vivement critiquée par l'opposition à Ottawa, le quatrième document ne risque pas d'échapper à la controverse. Présenté en primeur aux journalistes qui le suivent dans son périple asiatique, distribué à quelques 32 000 pieds d'altitude au-dessus de l'Océan Pacifique, le rapport a été commenté par le premier ministre dès qu'il a posé le pied en sol chinois, après près de 17 heures de vol et avec 13 heures de décalage avec le Canada.

C'est aussi la première fois que le premier ministre n'est pas au Canada pour le bilan trimestriel des efforts du gouvernement conservateur pour redresser l'économie.

En juin, la présentation du deuxième rapport d'étape avait soulevé la controverse : les médias n'avaient pas eu accès à l'événement et le premier ministre n'avait accepté de répondre qu'aux questions du sénateur conservateur, ancien animateur de CTV, Mike Duffy, dans un événement mis en scène à la perfection qui avait amené l'opposition à accuser le gouvernement de se faire de l'auto-promotion.

Puisqu'il s'agit du dernier rapport de l'année 2009, le premier ministre a tenu à réagir, même s'il ne se trouvait pas au Canada.

«Notre priorité #1 reste notre économie. Je regrette que ce ne soit pas possible pour moi d'annoncer ce quatrième rapport au Canada à cause de mes voyages mais je ne voulais pas manquer l'occasion de commenter sur cette affaire avant mes réunions de demain», a dit M. Harper, rejetant les critiques en rappelant que c'est l'opposition qui a réclamé qu'un rapport d'étape soit présenté en décembre.

Dans son quatrième bilan des progrès accomplis, le gouvernement estime que 97% des quelques 28 milliards de fonds prévus pour la première année du plan d'action sont «engagés», c'est-à-dire que les champs d'investissements ont été identifiés et approuvés. Près de 70 % des fonds pour l'année 2009-2010 seraient même injectés dans l'économie, selon les calculs du ministère des Finances.

Ottawa chiffre à 12 000 le nombre de projets d'infrastructure pour lesquels des dépenses été engagées, dont 8000 projets qui auraient déjà débuté.

À nouveau, le gouvernement prévient les Canadiens que ces investissements ne seront que temporaires. «Le retour à l'équilibre budgétaire passe par le retrait des mesures de stimulation au bon moment», stipule le document. Le plan d'action du gouvernement fédéral doit se terminer à la fin de l'année financière 2010-2011.

Ainsi, Ottawa met en garde les provinces, territoires et municipalités que les sommes prévues au Fonds de stimulation de l'infrastructure non engagées au 29 janvier 2010 seraient «réaffectées à d'autres initiatives», ou resteront inutilisées.

Sur les quatre milliards sur deux ans prévus, il ne resterait toutefois que 400 millions de dollars à «engager» dans des projets, surtout en Ontario et au Québec.

«Il est trop tôt pour baisser la garde et apporter à notre orientation économique tout changement radical», a toutefois souligné le premier ministre, se voulant rassurant.

Outre les dépenses en infrastructures, Ottawa a rappelé dans son document les mesures prises pour réduire le fardeau fiscal des Canadiens et venir en aide aux chômeurs, en bonifiant notamment les prestations d'assurance-emploi.