Les fournisseurs de l'industrie aéronautique canadienne connaîtront des lendemains difficiles s'ils n'investissent pas davantage dans la recherche et développement (R&D).

Ils risquent de ne pas être en mesure de monter à bord de la CSeries ou des nouvelles versions du Boeing 737 et de l'Airbus A320, des appareils qui seront plus perfectionnés que ceux qui parcourent le ciel à l'heure actuelle.

C'est la mise en garde que recèle le dernier rapport du Conference Board du Canada sur l'industrie aéronautique canadienne.

«Ces avions de nouvelle génération nécessiteront des améliorations significatives, notamment au niveau des matériaux, de l'avionique et des moteurs, écrit Michael Burt dans le rapport. Si les fournisseurs canadiens sous-investissent en R&D, ils risquent d'être incapables de profiter du développement de ces plates-formes, limitant ainsi les perspectives de croissance de l'industrie pendant une longue période de temps.»

Depuis le début des années 2000, l'industrie aéronautique canadienne investit environ 6% de ses revenus en recherche et développement.

«C'est beaucoup plus bas que ce que l'industrie avait connu dans les années 1990», écrit M. Burt.

En 1997 et 1998, par exemple, l'industrie avait investi l'équivalent de 12% de ses revenus en recherche et développement.

Le rapport de Conference Board attribue cette diminution à l'affaiblissement des marges de l'industrie, dû notamment à l'essor du huard.

«Les faibles marges ont forcé l'industrie à garder l'oeil sur les coûts, et la limite des dépenses en R&D a été une façon de le faire, écrit M. Burt. Bien que cela ait aidé l'industrie en ce qui concerne les bénéfices, cela a aussi créé des problèmes potentiels à long terme.»

Les grandes entreprises aéronautiques sont cependant parmi les plus importants investisseurs en recherche et développement au Canada. Selon une liste établie par Research Infosource, Pratt&Whitney Canada a occupé le quatrième rang en 2008 avec des investissements de 442 millions de dollars, derrière Nortel Networks, BCE et Magna International. Bombardier a pris le 12e rang et CAE, le 16e rang.

Le Conference Board s'attend à ce que les revenus et les bénéfices de l'industrie aéronautique canadienne continuent à chuter en 2010 et à ce que la reprise ne s'amorce qu'en 2011. L'industrie ne devrait retrouver qu'en 2013 le niveau de revenus atteint en 2008. «La faiblesse des marges fait en sorte que les bénéfices ne devraient pas retrouver dans un avenir rapproché le sommet atteint en 2001», ajoute M. Burt.

À long terme, les perspectives sont intéressantes. Les profits des entreprises ont recommencé à augmenter aux États-Unis, ce qui laisse présager une reprise des livraisons d'avions d'affaires en 2011. En outre, l'Europe, la Chine, l'Inde et le Moyen-Orient devraient présenter un grand potentiel de croissance une fois la récession terminée.

«La flotte de biréacteurs d'affaires devrait connaître une croissance à deux chiffres dans plusieurs marchés», écrit M. Burt.

Le prix du carburant devrait demeurer élevé, ce qui devrait amener les transporteurs à commander des appareils moins gourmands pour tirer avantage de la reprise. Les travailleurs de l'industrie, qui ont dû faire face à diverses vagues de mises à pied au cours des derniers mois, ne devraient donc pas désespérer.