L'argent du plan de relance du gouvernement fédéral destiné au Québec arrive au goutte à goutte, alors que d'autres provinces sont submergées par les fonds fédéraux, indique une analyse menée par La Presse Canadienne.

En se basant sur les informations disponibles sur la «carte des projets» du site Web du Plan d'action économique du Canada en date du 25 octobre, La Presse Canadienne a pu analyser les 4833 projets ayant été annoncés partout au pays.

Moins de 10 pour cent de ces projets, soit moins de 300, se trouvent au Québec, la deuxième province la plus populeuse du Canada. De ces 4833 projets, plus de 2500 se trouvent en Ontario, tandis que l'Alberta et la Colombie-Britannique en ont plus de 300 chacune.

Le Bureau du Conseil privé, qui gère les données apparaissant sur le site Internet du plan de relance d'Ottawa, n'a pas été en mesure de confirmer que tous les projets fédéraux annoncés au Québec avaient été inscrits dans la carte des projets. Cependant, des représentants tant fédéraux que municipaux ont vite reconnu que l'argent tardait à arriver sur le terrain au Québec.

«Il y a eu beaucoup d'annonces, mais le travail semble de plus en plus problématique, a affirmé le président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Bernard Généreux. Il a fallu tellement de temps pour conclure les ententes.»

Ce problème n'existe pas parce que le gouvernement fédéral est avare de ses sous. Les programmes fédéraux ont été créés pour que chaque province obtienne sa juste part. Ainsi, le Québec a obtenu près d'un milliard de dollars d'Ottawa pour le Fonds de stimulation de l'infrastructure, qui s'élève à 4 milliards de dollars.

Mais seulement 30 pour cent des sommes destiné au Programme de renouvellement des conduites d'eau potable et d'eaux usées (PRECO), par exemple, ont été allouées à des projets spécifiques, malgré le fait que le programme a été mis sur pied en mars.

Les différents ordres gouvernementaux se montrent du doigt pour ces délais, tout en insistant pour dire qu'ils s'entendent bien.

La plupart des fonds du plan de relance du gouvernement fédéral requièrent une entente et une participation pécuniaire égale de la part des gouvernements provincial et municipal. Plusieurs importantes ententes ont été annoncées en principe, mais les projets individuels n'obtiennent pas l'approbation rapidement.

Pour des chefs municipaux, les délais observés sont attribuables à une guerre de pouvoir entre Ottawa et Québec.

Selon M. Généreux, le gouvernement provincial ne veut pas que le gouvernement fédéral s'immisce trop dans les affaires municipales, qui sont de compétence provinciale.

Des analystes de l'Union des municipalités du Québec (UMQ) affirment que des municipalités se démènent pour proposer des projets respectant les priorités divergentes des gouvernements fédéral et provincial.

«Chacun a ses conditions», a expliqué le coordonnateur aux politiques de l'UMQ, Jasmin Savard.

Et tant la FQM que l'UMQ veulent qu'Ottawa accorde davantage que les deux ans qu'il a fixés pour engager toutes les sommes allouées en vertu du plan de relance de l'économie.

«Nous ne voulons pas être pénalisés au bout de deux ans» juste parce que l'argent prévu dans le programme tardait à arriver sur le terrain, a fait valoir M. Savard.