L'inflation annuelle au Canada est restée bien ancrée sous le seuil du zéro pour cent pour un quatrième mois consécutif en septembre, mais cet aspect bénéfique de la crise économique tire à sa fin.

L'indice des prix à la consommation a glissé d'un dixième de point le mois dernier pour se chiffrer à -0,9% - égalant un record de 53 aussi touché en juillet. L'inflation avait été de -0,8% en août.

Sur une base mensuelle, il n'y a eu aucun changement dans l'indice des prix à la consommation non désaisonnalisé, a indiqué vendredi Statistique Canada.

Comme pour les derniers mois, c'est surtout l'écart des prix de l'essence par rapport à l'an dernier qui a fait reculer l'inflation en septembre.

Le coût d'un plein d'essence était 23% moindre en septembre qu'il ne l'était 12 mois plus tôt.

Mais cet écart va inévitablement se resserrer dans le prochain rapport sur l'inflation, puisque c'est environ à cette période de l'année l'an dernier que les prix de l'essence ont commencé à reculer en réaction à la récession et à l'écroulement de la demande mondiale pour le pétrole.

Aucune autre composante de l'indice des prix à la consommation n'a été aussi critique que l'énergie au chapitre des pressions inflationnistes, a noté Statistique Canada.

En excluant l'énergie, l'inflation annuelle au Canada se situait à 1,3% en septembre, a précisé l'agence gouvernementale.

«Cela sera vraisemblablement la plus basse valeur qu'atteindra l'inflation, a observé l'économiste Douglas Porter, de BMO Marchés des capitaux. L'inflation d'ensemble est destinée à se hisser en territoire positif, possiblement dès le mois prochain.»

Si ce n'était pas le cas en octobre, ce le serait presque certainement en novembre, affirment les économistes, puisque le prix de l'essence ne s'est pas stabilisé avant décembre 2008.

L'inflation de base - laquelle exclut les secteurs plus volatils de l'énergie et de l'alimentation - s'est chiffrée à 1,5% en septembre, ce qui signifie qu'elle ne devrait pas être une source d'inquiétude pour la Banque du Canada, qui se prépare à prendre une nouvelle décision sur son taux d'intérêt directeur la semaine prochaine.

Pratiquement tous les économistes s'attendent à ce que la banque centrale laisse son taux de financement à un jour inchangé à 0,25% mardi prochain, mais certains croient que le gouverneur Mark Carney pourrait être pressé de le hausser dès le printemps, malgré son engagement conditionnel à le laisser inchangé au moins jusqu'en juillet.

«En bref, l'inflation de base fond toujours, et même si les prix des maisons se remettent à grimper, avec un certain retard, la vigueur du dollar canadien exercera une pression à la baisse sur le prix des biens importés», a noté l'économiste en chef de la Banque CIBC, Avery Shenfeld.

Le dollar canadien a grimpé de façon importante ces dernières semaines, atteignant le niveau des 97 cents US. Ses gains sont attribuables à plusieurs facteurs, notamment la faiblesse du dollar américain et l'appréciation de la demande mondiale pour les matières premières comme le pétrole et les métaux.

La faible inflation du mois dernier a aussi été influencée par la baisse des coûts pour les secteurs de l'automobile, de l'habitation et du transport. Les Canadiens ont déboursé 5,9% de moins que l'an passé pour acheter des automobiles le mois dernier, tandis que les coûts de l'habitation étaient 1,8% plus faibles et que ceux du transport étaient en baisse de 7,2%.

Malgré tout, parmi les huit principales composantes observées par Statistique Canada pour évaluer l'inflation, cinq se trouvaient en territoire positif, incluant l'alimentation, les dépenses courantes des ménages, la santé et les soins personnels, les loisirs et l'éducation, ainsi que l'alcool et les produits du tabac.

Les prix de l'alimentation ont continué à être le principal vecteur d'inflation avec un gain annuel de 2,8% le mois dernier, bien que celui-ci reste inférieur à celui de 4% affiché en août.

Parmi les provinces, seule la Saskatchewan a affiché une inflation positive en septembre. Au Québec, l'indice des prix à la consommation a reculé de 0,3% par rapport à l'an dernier, tandis qu'il a cédé 1,1% en Ontario et 0,4% au Nouveau-Brunswick.