La récente envolée du dollar canadien pourrait nuire à la reprise économique du Canada, a averti mardi le premier ministre canadien Stephen Harper.

Le huard a pris plus de cinq cents au cours des deux dernières semaines, dont la plupart dans les dernières journées.

> Réagissez sur le blogue de Sophie Cousineau

Il a clôturé mardi en hausse de 0,73 cent US à 96,48 cents US, après avoir passé la plus grande partie de la journée de lundi au-dessus de la barre des 97 cents US, pendant que les marchés canadiens étaient fermés pour l'Action de grâces.

De passage à Vancouver, M. Harper s'est dit inquiet, particulièrement en raison de la rapidité de l'appréciation de la devise.

«Comme nous l'avons dit par le passé, nous ne sommes pas sortis du bois. Il y a plusieurs risques (...) et de toute évidence, la valeur du dollar canadien est un risque à la reprise», a-t-il déclaré.

«Je ne crois pas que ce soit un risque d'étranglement pour la reprise, mais s'il grimpe trop rapidement, cela engendrera des difficultés pour notre économie.»

Le premier ministre a ajouté que la devise était la responsabilité de la Banque du Canada, sans toutefois préciser s'il croyait que son gouverneur Mark Carney devait intervenir - ni même s'il y avait quelque chose qu'il pouvait faire.

La banque centrale, si elle voulait intervenir, pourrait simplement imprimer de nouveaux dollars canadiens et s'en servir pour acheter des dollars américains - ce qui aurait pour effet de dévaluer le huard tout en augmentant la demande pour la devise américaine.

Plusieurs économistes ont prédit que le dollar canadien atteindrait la parité avec le billet vert américain au milieu de l'an prochain.

«Cela pourrait se produire au milieu de la semaine prochaine», a cependant estimé mardi Derek Holt, vice-président des études économiques chez Scotia Capitaux.

Il s'agit d'une bonne nouvelle pour les consommateurs canadiens, qui pourraient voir chuter les prix des biens importés, et pour les vacanciers ou retraités qui passent quelques mois d'hiver au sud de la frontière canado-américaine.

Cependant, un huard vigoureux est généralement considéré comme un élément négatif pour l'économie, dont environ 35 pour cent du produit intérieur brut est lié aux exportations. Les trois quarts de ces exportations sont destinées aux États-Unis, et la hausse de leur valeur découlant de la hausse du dollar canadien les rend moins attrayantes aux yeux des acheteurs américains.

L'organisme Manufacturiers et Exportateurs du Canada estime qu'une appréciation d'un pour cent de la valeur du huard - soit l'équivalent d'un cent US aux niveaux actuels - se traduit par une réduction des ventes d'environ 2 milliards $, ce qui représente environ 25 000 emplois.