Les Canadiens déboursent plus d'argent aux caisses enregistreuses des épiceries, mais une guerre des prix pourrait poindre à l'horizon si le dollar canadien poursuit son envol et que les consommateurs s'adaptent à la faiblesse de l'économie, estiment certains observateurs de l'industrie.

Les chaînes de supermarchés du pays, qui ont choisi de transmettre à leurs clients la hausse des coûts des aliments et des salaires de leurs travailleurs, pourraient devoir composer avec le mécontentement des consommateurs, qui continuent de s'inquiéter de perdre leur emploi ou du resserrement du crédit. Selon Sylvain Charlebois, doyen associé à l'école de gestion publique Johnson-Shoyama Graduate School of Public Policy, à Regina, les épiceries s'apprêtent à lancer une féroce campagne de réductions de prix dans les mois à venir.

Une annonce récente de Loblaw [[|ticker sym='T.L'|]] , qui prévoit couper les prix de ses épiceries dans l'Atlantique canadien et l'Ontario pour rester concurrentiel, pourrait être le coup d'envoi de cette guerre des prix.

La compagnie s'apprête à réduire ses prix de 10 à 25 pour cent sur jusqu'à 3000 articles dans ses magasins Zehrs, en Ontario.

«De la part de Loblaw, c'est significatif, a souligné M. Charlebois cette semaine. Les autres devraient suivre.»

Selon Brian Yarbrough, analyste du secteur du détail pour la firme Edward Jones, à St. Louis, les épiciers pourraient commencer à être témoins d'une certaine grogne chez les clients insatisfaits de leur hésitation à réduire les prix.

«Cela va rester difficile pendant la dernière moitié de l'année et ils vont devoir réduire les prix d'une certaine manière pour attirer les gens dans les magasins», a-t-il estimé.

«Le pire est probablement derrière nous, mais les consommateurs restent inquiets au sujet des pertes d'emplois et des problèmes de carte de crédit. Les consommateurs vont continuer à rechercher de bonnes valeurs.»

Les prix du secteur de l'alimentation ont continué à grimper le mois dernier, selon les données de Statistique Canada, avec une hausse de 5,6 pour cent par rapport à l'an dernier. La croissance a cependant décéléré par rapport aux mois précédents, depuis qu'elle a atteint un sommet de 7,9 pour cent en mars.

La chaîne de cafés Tim Horton's a fait jaser la semaine dernière, lorsqu'elle a haussé le prix de ses produits dans ses restaurants ontariens d'environ cinq cents chacun. La compagnie a expliqué sa décision en évoquant la hausse des coûts d'exploitation et des coûts de main-d'oeuvre. Le salaire minimum a récemment augmenté dans cette province.

La situation canadienne est fort différente de celle vécue aux États-Unis, où les épiceries ont procédé à d'importantes campagnes de réduction de prix sur plusieurs articles pour attirer les consommateurs fortement échaudés par la récession - plusieurs d'entre eux ayant migré dans les magasins à rabais comme Wal-Mart.

L'indice des prix à la consommation des aliments aux États-Unis a reculé en juillet pour la septième fois en huit mois, selon les chiffres du département américain du Travail.