Nous ne sommes qu'à quelques semaines de la fin de l'été, mais il reste encore beaucoup de temps aux voyageurs et aux «snowbirds» qui espèrent profiter d'un dollar canadien revigoré, affirment des experts du domaine des devises.

Le huard a connu une irrésistible poussée ces derniers mois, au point d'atteindre son plus haut niveau depuis octobre. Jeudi dernier, la valeur du dollar canadien avait légèrement glissé et s'établissait à 92 cents US, en hausse, néanmoins, de près de 18 pour cent depuis le mois de mars. Bien qu'il puisse connaître des hauts et des bas, le dollar semble destiné à égaler la devise américaine, voire la dépasser d'ici 12 mois. Il faut retourner à juin 2008 pour retracer un huard plus élevé que le dollar américain.

«Pour les gens qui envisagent prendre des vacances aux États-Unis, le temps joue en leur faveur. Mais il ne faut pas oublier que ce sont des marchés encore très instables, avec une tendance de type «deux pas en avant, un en arrière» depuis le début du mois de mars», rappelle Aron Gampel, chef économiste adjoint chez Banque Scotia.

«Quant aux «snowbirds', qui ont tendance à penser à long terme, peut-être que la situation les favorisera un peu plus.»

La grande majorité des devises mondiales se portent bien en comparaison avec le dollar américain, qui a connu un fléchissement en raison d'inquiétudes reliées à l'ampleur du déficit national. Les Américains se sont fortement endettés afin de stabiliser les institutions bancaires et stimuler une économie en déclin.

«Tout le monde paraît bien face à une situation très sombre aux États-Unis», a déclaré M. Gampel en entrevue.

Comme toute économie axée sur les marchandises, le Canada se tire bien d'affaires en ce début de relance des marchés, en raison d'une demande croissante de matières premières par la Chine et autres nations émergeantes.

La vitalité de longue date du Canada dans le secteur fiscal devrait également aider à solidifier le dollar en comparaison avec des devises autres que le dollar américain, bien que les bénéfices ne seront pas aussi intéressants.

Les devises qui ont connu le plus de difficultés jusqu'à maintenant cette année sont celles situées dans des pays prétendument sûrs, notamment les États-Unis, la Suisse et le Japon.

À savoir à quel moment les voyageurs devraient convertir leurs dollars canadiens, tout est une question de confiance et de confort face au risque, note George Davis, directeur et analyste en chef chez RBC Marchés Capitaux.

Selon lui, lorsque les marchés boursiers reprennent du tonus, les gens ont tendance à se sentir plus à l'aise à l'idée de prendre des risques. Du même coup, une telle attitude a des répercussions positives sur la valeur du dollar, car elle génère des prévisions positives en matière de croissance du marché.

«En bref, tout dépendra des estimations du consommateur face aux marchés boursiers», a-t-il expliqué.

«Dans le contexte actuel, on perçoit beaucoup d'optimisme parce que les prévisions en vue d'une croissance économique sont favorables à l'aube de la nouvelle année et même en 2011.»

Même s'il s'attend à voir le huard atteindre la parité avec le dollar américain à mi-chemin de 2010, M. Davis pense que la Banque du Canada rappellera le fait que la reprise pourrait être ralentie si la devise canadienne surpassait le plateau des 95 cents US.

Alors que les taux d'intérêt flottent à peine au-dessus de 0 pour cent - et qu'ils demeureront à ce niveau jusqu'au milieu de la prochaine année - la banque centrale n'aura très peu de moyens de réagir autrement que par le biais d'avertissements», a aussi fait remarquer M. Davis.

«Je crois que notre monnaie aura de la difficulté à maintenir une tendance vers la parité en 2009. Mais à partir du moment où aborderons la nouvelle année et que les prévisions de croissance mondiale s'amélioreront davantage, alors, nous verrons sans doute une hausse constante vers la parité.»

Les Canadiens propriétaires de biens à l'étranger seront récompensés par un huard plus fort, car il aura un effet compensatoire ou avantageux quand arrivera l'échéance du versement hypothécaire. Mais selon M. Davis, les gens ayant des vues à plus long terme accorderont moins d'importance à la devise.