Pendant que la majorité des pays industrialisés ont peine à passer l'examen de la récession, le Canada pourrait devenir l'un des meilleurs élèves de la classe en 2010.

Selon le nouveau bulletin prévisionnel du Conference Board, qui attribue une note à 17 pays représentant la moitié du PIB mondial, le Canada passera du onzième au cinquième rang du classement de la performance économique.

 

En fait, le Canada est moins déstabilisé par la récession que la plupart des autres pays, qui voient leur note affaiblie. Le Canada en profite.

«Nous sommes entrés dans la récession dans une position plus forte que d'autres pays, et notre système financier est encore très stable», note Glen Hodgson, premier vice-président et économiste en chef du Conference Board.

Le groupe de recherche prévoit que le Canada, qui a obtenu un «faible B» en 2008, obtiendra en 2010 un «B élevé», à quelques poussières d'un A.

Les plans de relance économiques ont un grand rôle dans la note qu'ont reçue les pays. «Au Canada, les gouvernements ont bien répondu, a dit Glen Hodgson à La Presse Affaires. Cela donne un peu d'énergie à notre économie.»

Selon lui, cela permettra au Canada de revenir à la croissance économique dans la deuxième moitié de 2009. Le défi sera de rétablir l'équilibre budgétaire une fois que la reprise sera complétée.

Croissance en 2010

Les notes et les classement du bulletin du Conference Board sont basés sur sept indicateurs économiques: le revenu par habitant, la croissance du PIB, la croissance de la productivité au travail, l'inflation, le taux de chômage, la croissance de l'emploi et les investissements étrangers entrants et sortants.

Le PIB canadien devrait diminuer de 2,6% en 2009, une prévision beaucoup plus enviable que la moyenne des autres pays à l'étude (-4,1%). En 2010, le Canada retrouvera la croissance annuelle (0,7%), avec un niveau tout juste au-dessus de la moyenne (0,6%), estime le Conference Board.

La décroissance de l'emploi sera aussi moins brutale au Canada, particulièrement en 2010 (-0,4% contre -1,2%).

Sur le plan de la productivité du travail, par contre, le Canada n'a pas de quoi pavaner: il devrait glisser du 12e au 14e rang. «C'est le facteur qui me trouble le plus», souligne M. Hodgson.

Bon an, mal an, le Canada est à la traîne dans ce domaine, note l'économiste. «Il nous manque un plan collectif de la productivité.»

Cette question de la productivité est cruciale, selon M. Hodgson. Elle sera déterminante quand la récession sera chose du passé et que les autres grandes économies du monde auront repris leur croissance. Le cinquième rang du Canada, toujours à l'état de prévision, pourrait aussi être très éphémère.

«Je suis inquiet que le Canada glisse de nouveau vers la huitième ou la dixième place», dit M. Hodgson.

Bond des États-Unis

Outre le Canada, les États-Unis (du huitième au troisième rang) et la Belgique (du douzième au quatrième) enregistrent aussi des progressions remarquables au classement.

«J'étais un peu surpris de voir le bond des États-Unis, de voir une reprise aussi forte que ça, admet Glen Hodgson. Mais toutes les choses négatives dans le marché du travail vont se passer cette année et le retour à la croissance de l'emploi aura lieu en 2010. Et ça, c'est le facteur le plus important.»

Quant à la Belgique, sa progression s'explique par sa capacité à conserver un flot élevé d'investissements étrangers, alors que d'autres pays font face à des réductions massives de ces investissements sur leur territoire.

C'est la première fois que le Conference Board publie le bulletin du Canada sur une base prévisionnelle. Le bulletin se fonde sur des prévisions des Perspectives économiques de l'OCDE de juin 2009 et, pour l'investissement étranger, sur des données de l'Economist Intelligence Unit.

 

-0,4%

Décroissance prévue de l'emploi au Canada en 2010, bien mieux que la moyenne de -1,2%. Le taux de chômage canadien atteindra alors 9,8%. Cette année, le Conference Board prévoit une décroissance de l'emploi de 1,9%, contre une moyenne de -3,2

0,7%

Croissance anticipée du PIB canadien en 2010, légèrement mieux que la moyenne de 0,6%. En 2009, le Canada devra se contenter d'un recul de 2,6% malgré la fin anticipée de la récession, mais c'est tout de même largement mieux que la moyenne de -4,1%

0,1%

Les Américains ont au moins de quoi se réjouir. Ils devraient être les seuls à enregistrer une croissance de l'emploi en 2010, si minime soit-elle. Leur PIB gagnera 0,9% la même année. Pour 2009, les Américains souffriront encore un peu. L'emploi régressera de 3,2%