Plusieurs responsables régionaux canadiens ont fait état jeudi de leur préoccupation face aux tendances protectionnistes aux États-Unis, illustrées par une loi récente imposant aux collectivités territoriales d'«acheter américain».

«L'administration américaine n'a pas mis en oeuvre le discours qu'elle a tenu», a dit le premier ministre du Québec Jean Charest, lors de la rencontre annuelle des 13 dirigeants des provinces et territoires du Canada, à Regina, en Saskatchewan.

«Le président (Barack) Obama s'est engagé à suivre les règles du commerce mondial et ils ne l'ont pas fait», a-t-il déploré.

Les responsables régionaux réagissaient aux propos du futur ambassadeur américain au Canada, David Jacobson, qui avait dit lors de son audition au Sénat qu'il allait chercher à aplanir les difficultés commerciales entre les deux pays.

«L'ambassadeur Jacobson aura une tâche très lourde», a dit Shawn Graham, premier ministre du Nouveau-Brunswick.

En juin dernier déjà, les chefs des gouvernements provinciaux s'étaient dits «profondément préoccupés» par une nouvelle loi américaine qui demande aux États et aux municipalités de n'utiliser que des produits américains pour des projets recevant un financement fédéral.

Cette injonction à «acheter américain» empêche de stimuler les économies interdépendantes des principales puissances commerciales dans le monde en réduisant la liberté du commerce, ont-ils estimé en substance.

«Cela pourrait être le début d'une pente glissante si le protectionnisme (américain) prend racine», a dit M. Graham jeudi.

«Il est important que la frontière reste ouverte au commerce. Plus de deux milliards de dollars traversent quotidiennement cette frontière, 300 000 personnes voyagent chaque jour entre le Canada et les États-Unis», a-t-il ajouté.

M. Jacobson a dit mercredi devant la commission des affaires étrangères du Sénat américain que son premier objectif en tant qu'ambassadeur serait de résoudre les frictions commerciales entre les deux pays.

Le premier ministre du Saskatchewan, Brad Wall, a estimé jeudi que le Canada devrait chercher des nouveaux partenaires commerciaux pour réduire sa dépendance des États-Unis. Ceux-ci absorbent actuellement près de 80% de ses exportations.