Plus haute, toujours plus haute: la pile de factures impayées des Canadiens grossit à un rythme qui s'accélère sans cesse, révèlent de nouvelles données publiées hier par Equifax Canada.

La proportion de consommateurs pris à la gorge qui sont incapables d'acquitter leurs paiements de crédit a bondi de 24% entre juin 2008 et juin 2009, poursuivant une tendance lourde qui ne fait que s'aggraver.Les statistiques dévoilées chaque mois par Equifax sont en effet sans cesse plus sombres les unes que les autres. En février dernier, par exemple, la firme avait détecté une augmentation des défauts de paiement 7,3% par rapport à un an auparavant. L'augmentation était passée à 9% en mars pour atteindre un taux qu'Equifax avait alors jugé «alarmant». Ce n'était pourtant qu'un prélude. L'augmentation a atteint 13% en avril, puis 19% en mai, pour culminer au chiffre de 24% dévoilé hier pour le mois de juin.

En date du 30 juin dernier, le taux de défaillance sur les paiements de crédit a donc atteint 1,56% au pays, un sommet depuis au moins six mois (Equifax n'a pas été en mesure, hier, de dire à quand exactement il faut remonter pour le voir si haut).

Equifax ne documente pourtant que les cas de retards extrêmes. Les consommateurs qui paient leur solde quelques jours ou même quelques semaines en retard échappent à son radar, de même que ceux qui ne peuvent s'acquitter de la totalité de leurs factures, mais qui les allègent tout de même de quelques dollars. Seuls les comptes pour lesquels aucun paiement n'a été fait durant 90 jours ou plus sont comptabilisés.

«À partir de 90 jours, on juge que la situation est sévère, avait déjà commenté par le passé le vice-président d'Equifax Canada, Nadim Abdo. Sauter un paiement, ça peut pardonner. Mais après avoir manqué trois paiements, ou 90 jours, ça devient beaucoup plus problématique. Les chances de rétablir la situation sont beaucoup moins bonnes et le risque de défaut augmente grandement.»

Un porte-parole d'Equifax Canada a indiqué hier qu'une grande partie des défauts de paiement provient des consommateurs qui profitent des offres des grands magasins du type «achetez maintenant, payez plus tard» et qui se retrouvent finalement incapables de payer leurs factures le moment venu.

Les cartes de crédit au solde impayé figurent au deuxième rang de la liste des coupables.

C'est dans l'Ouest canadien que les défauts de paiement augmentent le plus rapidement, avec des bonds de 32% en Alberta et de 30% en Colombie-Britannique en juin 2009 par rapport à juin 2008. Le Québec se situe légèrement sous la moyenne nationale avec une augmentation de 23,5%.

D'importantes différences existent aussi entre les villes. À 1,44%, le taux de défaillance à Montréal est un peu sous la moyenne nationale, mais beaucoup plus élevé qu'à Québec - la championne canadienne du paiement de factures avec un taux de défaillance de seulement 0,83%. Mais c'est Toronto qui compte la plus grande proportion de délinquants avec un taux de 2,03%.

Les fournisseurs de services semblent avoir moins de difficulté à se faire payer malgré la crise. Gaz Métro affirme ne pas avoir de problème particulier à cotiser ses clients. «Nous observons une légère augmentation des activités de recouvrement chez nos clients individuels, mais ce n'est pas problématique», dit de son côté Flavie Côté, porte-parole d'Hydro-Québec, qui observe cependant un «certain impact» du côté des clients industriels à cause des entreprises qui font faillite.