Les baby boomers qui comptent sur un héritage de papa-maman pour financer leur propre retraite pourraient bien avoir une vilaine surprise.

Selon un rapport du Centre info-retraite BMO, le fameux héritage pourrait être beaucoup plus mince que prévu. «Il est risqué d'incorporer un héritage futur dans une stratégie de retraite sans tenir compte de tous les scénarios possibles», met en garde Tina DiVito, directrice générale de la planification de la retraite au Groupe financier BMO.

Elle rappelle qu'en 2006, une étude de Decima Research révélait qu'environ

1,5 million de Canadiens misaient principalement sur leur héritage pour financer leur retraite. En moyenne, ils comptaient recevoir 150 600 $ en liquidités et 151 200 $ en actifs non liquides. Or, la moyenne des héritages se situait plutôt à 56 000 $.

Beaucoup de facteurs risquent de faire fondre l'héritage espéré, à commencer par une plus grande espérance de vie. Au Canada, on parle maintenant d'un âge médian de 82,7 ans pour les femmes et 78 ans pour les hommes.

«C'est presque dix ans de plus que l'espérance de vie moyenne d'il y a cinq décennies, remarque Mme DiVito. Voilà une donnée encourageante. Mais, sous l'angle de l'argent disponible à la retraite, ces années supplémentaires exigent une épargne beaucoup plus importante, surtout si l'on songe aux soins de santé normalement associés au vieillissement.» Cela réduit d'autant les sommes qui pourraient échoir aux héritiers.

Les conditions du marché devraient également avoir un impact sur la taille d'un éventuel héritage.

«Les aînés, qui investissent en général davantage dans les produits à revenu fixe comme les CPG et les obligations doivent composer avec un faible taux de rendement et un taux d'imposition élevé, indique Mme DiVito. Aussi, beaucoup devront puiser plus que prévu dans leurs économies simplement pour tenir compte de l'inflation, au désavantage de leurs héritiers.» Or, selon un sondage du Centre info-retraite BMO, les Canadiens ne semblent pas s'inquiéter à ce sujet: seulement 19 % des répondants croient que les difficultés économiques actuelles les empêcheront de laisser un héritage.

Mme DiVito insiste également sur les frais d'homologation et les impôts sur les gains en capital au décès, qui «peuvent non seulement écorner la valeur de la succession, mais aussi forcer la vente d'actifs».

«Par exemple, les héritiers pourraient devoir vendre le chalet familial ou des placements pour régler les impôts ainsi que les frais d'homologation, de liquidation, de fiducie et de notaire», affirme Mme DiVito.

La taille de la famille aura également une incidence sur la grosseur des morceaux du gâteau. Les baby boomers ont été surnommés ainsi parce qu'il y a eu explosion démographique après la deuxième guerre mondiale.

«La succession laissées aux boomers risque d'être répartie entre de nombreux héritiers», rappelle Mme DiVito.

En outre, les enfants ne seront peut-être par les seuls à se partager le gâteau. Selon le sondage du Centre info-retraite BMO, 37% des personnes âges sont susceptibles d'inscrire leurs petits-enfants dans leur testament, et 28% sont susceptibles d'inscrire une oeuvre de charité.

«La part d'héritage de chaque bénéficiaire s'en trouve ainsi réduite», souligne Mme DiVito.

Elle indique enfin que les rentes, et les autres produits qui garantissent une source de revenus stable, pourraient gagner de la popularité compte tenu de la longévité accrue des retraités et des difficultés économiques récentes.

«D'un point de vue successoral, les rentes peuvent réduire, voire épuiser le patrimoine à transmettre aux héritiers», affirme Mme DiVito.

Elle invite les générations à se parler entre elles.

«Réunir d'avance la famille pour discuter de patrimoine peut susciter des émotions que certains préféreront éviter, reconnaît Mme DiVito. Mais l'entretien d'attentes irréalistes aura sans doute des conséquences bien plus graves.» Évidemment, la directrice générale de la Planification de la retraite au Groupe financier BMO recommande aux baby boomers et à leurs parents de consulter des professionnels dans le domaine de la planification successorale.