Les fraudeurs ont la tâche plus facile en pleine crise économique, en proposant des offres douteuses qui, autrefois, étaient facilement repérées comme tel. Et le nombre de victimes ne cesse d'augmenter, déclarant des fraudes atteignant les millions de dollars par mois, selon des experts.

Le Bureau de la concurrence du Canada avertit les Canadiens que les récessions sont des «périodes de boom pour les fraudeurs». L'institution prédit que les citoyens désespérés tomberont dans le piège des malfaiteurs, qui offrent de l'argent facile sur Internet, au téléphone ou par courriel.

Des statistiques de «Phonebusters» - un centre d'appel antifraude canadien dirigé par la Gendarmerie royale du Canada, le Bureau de la concurrence ainsi que la Police provinciale de l'Ontario - indiquent que les Canadiens sont de plus en plus souvent la proie de fraudes en tout genre.

«Les cas de fraude ont effectivement tendance à augmenter en temps de ralentissement économique», a reconnu le sous-commissaire adjoint au Bureau de la concurrence, Ian Nielsen-Jones.

En temps de crise, les personnes vulnérables baissent leur garde et prennent de mauvaises décisions, tandis que celles qui vivent à la limite de la légalité se tournent parfois vers le crime, a-t-il expliqué.

Parmi les fraudes les plus répandues, les promesses d'embauche sont de plus en plus fréquentes, de même que les vols d'identité, des fraudes par marketing de masse. Et des stratagèmes qui étaient presque disparus refont surface, selon le spécialiste, comme la fraude par loterie.

Phonebusters assiste également au retour de la fraude communément appelée celle de la lettre nigérienne, qui consiste généralement à promettre des millions de dollars venant d'un pays africain en échange d'un simple coup de main en offrant quelques transactions bancaires.

Une moyenne de 10 Canadiens en seraient victimes tous les mois et perdraient au total jusqu'à des centaines de milliers de dollars.

Au mois de juin, seulement quatre personnes sont tombées dans le piège, rapportant des pertes totales de 73 000 $. Mais en mai, 11 Canadiens ont été victimes du stratagème, cédant près de 571 000 $ aux malfaiteurs, tandis qu'une victime américaine a indiqué avoir perdu 200 000 $ en raison d'une fraude qui aurait été liée au Canada.

Ces montants ne seraient cependant que la pointe de l'iceberg, puisque les spécialistes rapportent également des vols d'identité, des fraudes par marketing de masse, au téléphone ou sur Internet, et de fausses annonces de possibilités d'investissement, de prix ou de gains à la loterie.

Plus de 1000 Canadiens font appel à Phonebusters tous les mois, déclarant avoir été victimes de vol d'identité, et en date du 30 juin, près de 6700 citoyens s'étaient plaints d'avoir perdu quelque 5,2 millions $.

L'an dernier, plus de 11 000 personnes ont rapporté des pertes s'additionnant à 9,6 millions $.

Le nombre de victimes serait toutefois beaucoup plus élevé, puisque M. Nielsen-Jones estime que seulement cinq à dix pour cent des personnes fraudées font appel aux autorités. Les personnes qui n'ont perdu que des petits montants, s'élevant à 100 $ ou moins, ne se donnent souvent pas la peine de dénoncer les crimes.