Le dollar canadien reprend du tonus et a couronné vendredi un mois de mai qui l'a vu progresser de près de huit cents par rapport à la devise américaine en atteignant 91,76 cents US, son plus haut niveau depuis le début d'octobre 2008.

Le huard a clôturé la séance à 91,6 cents US, en hausse de 1,9 cent US.

Si la nouvelle a de quoi réjouir les vacanciers qui quittent le pays et les consommateurs transfrontaliers, elle a ouvertement inquiet le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty.

De passage à Toronto pour annoncer des travaux d'infrastructures vendredi, M. Flaherty a rappelé que le gouvernement était toujours soucieux lorsque le huard était touché par de rapides fluctuations, car elles peuvent avoir d'importantes répercussions sur les exportations et le secteur manufacturier, encore fragile.

M. Flaherty en a profité pour faire savoir que le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, surveillait attentivement la récente tendance à la hausse du dollar canadien, qui ne valait que 79 cents US au début du mois d'avril.

Des économistes ont indiqué que la soudaine ascension du huard au cours des dernières semaines représentait une mauvaise nouvelle pour le Canada, toujours aux prises avec la récession.

Un dollar canadien plus vigoureux fait mal aux exportateurs canadiens parce que leurs produits deviennent plus onéreux à l'étranger, tout particulièrement dans le marché vital que représentent les États-Unis.

De nombreux facteurs ont combiné à donner des ailes au huard: un marché d'actions en hausse, des prix plus élevés du métal et des combustibles fossiles et la dévaluation prononcée du dollar américain.

«Dans un premier temps, vous avez des éléments laissant croire à une reprise de l'économie, qui ont eu pour effet de relancer les cours des matières premières», a expliqué vendredi David Watt, analyste principal spécialisé en devises chez RBC Marchés des Capitaux.

«Aussi, vous avez certaines inquiétudes face au dollar américain, et c'est le souci le plus important pour l'instant», a-t-il ajouté. «Je suis surpris, car je ne m'attendais pas à voir le dollar canadien s'élever à de tels niveaux, et les inquiétudes vis-à-vis le dollar américain ont changé ma perception de la situation.»

L'envol du dollar canadien a suivi la même tendance que le bourses, dont la vitalité a eu pour effet d'accroître de plus de 35 pour cent la valeur de l'indice principal de la Bourse de Toronto.

Les matières premières ont également aidé à la revalorisation du huard. Le baril de pétrole brut a franchi le cap des 66 $ US, soit près du double du creux de mars.

Mais M. Watt a rappelé que la baisse du dollar américain, plus que tout autre facteur, expliquait la situation actuelle. Cette faiblesse a été amplifiée la semaine dernière lorsque l'agence de notation Standard & Poor a annoncé que la cote de crédit de la Grande-Bretagne pourrait être réduite en raison d'un niveau d'endettement à la hausse.