Les citoyens canadiens doivent s'attendre à d'autres mauvaises nouvelles en ce qui a trait au déficit, croient des économistes, une fois que le gouvernement fédéral aura pleinement tenu compte de la faiblesse de la croissance économique et de la hausse du taux de chômage pendant la récession.

Selon ces économistes, la révélation du ministre des Finances, Jim Flaherty, mardi, à l'effet que le déficit fédéral atteindra 50 milliards $, soit environ 50 pour cent de plus que ce qui avait été annoncé en janvier, n'est que la première d'une série de mauvaises nouvelles à venir pour la population canadienne.

Bien que M. Flaherty refuse de réviser ses prévisions au-delà de l'année fiscale en cours, les économistes ne voient pas comment Ottawa pourra maintenir le déficit à 30 milliards $ pour l'année fiscale 2010-2011, tel que projeté par le gouvernement conservateur.

Cette estimation vient du fait que les indicateurs économiques devraient se maintenir dans la colonne négative. Cela aura pour effet, précisent-ils, de réduire les revenus d'impôts des entreprises et des particuliers mais aussi de faire augmenter les dépenses l'année prochaine, et la suivante.

Il faudra attendre au moins un an avant d'assister à une remontée des revenus d'impôts des entreprises, et comme le taux de chômage va vraisemblablement augmenter jusqu'au milieu de 2010, au minimum, les paiements d'assurance-emploi seront également plus élevés que ce qui avait été prévu.

Et selon l'économiste en chef à la Banque TD, Don Drummond, un expert en matière de budget fédéral, il faudra patienter de nombreuses années avant qu'Ottawa ne parvienne à présenter un budget équilibré.

M. Flaherty maintient qu'il pourra rétablir l'équilibre budgétaire dans quatre ans.

Une fois toutes les données financières prises en compte, la dette accumulée du gouvernement fédéral augmentera de plus que les 120 milliards $ prédis par le Fonds monétaire international, estime la Fédération canadienne des contribuables.

De ce fait, le budget fédéral accusera un déficit supérieur aux estimations du gouvernement conservateur après quatre ans, établies à 100 milliards $.

Une telle situation aurait pour effet d'effacer plus d'une douzaine d'années de remboursement de la dette par les gouvernements libéral et conservateur, et ramènerait la dette nationale à tout près de 600 milliards $.

Par conséquent, les citoyens canadiens auraient à payer davantage pour le service de la dette, tandis que le gouvernement ne serait plus en mesure d'offrir d'importantes réductions d'impôts, ou de bonifier ses programmes sociaux, et ce pendant plusieurs années.

Par ailleurs, les économistes rappellent que le Canada est en meilleure posture que plusieurs autres pays, malgré leur pessimisme.

Le déficit pour l'année en cours représente environ trois pour cent de l'économie canadienne, qui s'établit à plus de 1500 millions $. En guise de comparaison, le Royaume-Uni a annoncé un déficit équivalent à 10 pour cent de son produit intérieur brut (PIB), tandis que Washington prévoit un manque à gagner de 1750 millions $, soit 12 pour cent de son PIB.

Enfin, le ratio de la dette du Canada par rapport à son PIB demeure l'un des plus bas de tous les pays industrialisés, et représente moins de la moitié de ce qu'il était lorsque le ministre des Finances de l'époque, Paul Martin, avait promis d'éliminer le déficit «contre vents et marées», au milieu des années 1990.