Des variations observées sur les marchés boursiers qui coïncident avec la publication de rapports de Statistique Canada sèment le doute quant à de possibles fuites par les journalistes des données sous embargo.

La question a été soulevée après que l'agence fédérale eut mené deux études - la dernière faisant suite au rapport sur le taux d'inflation, rendu public la semaine dernière - sur des rumeurs suggérant que les données les plus importantes feraient l'objet de fuites. Ceux qui prennent connaissance des données secrètes profiteraient de l'occasion pour en tirer profit sur les marchés boursiers.

«Nous n'avons aucune preuve que nos données aient été divulguées sans autorisation», a assuré un porte-parole de Statistique Canada, Jonathan Massey-Smith, en entrevue.

«Nous avons vérifié nos façons de procéder, nos services de communications, nous avons rehaussé la sécurité pendant les huis clos, nous avons réduit l'accès à l'information avant publication au sein du ministère, nous avons fait tout ce que nous pouvions», a-t-il soutenu.

Les soupçons sont nés le 8 mai, lorsque les spéculateurs ont commencé à voir des négociations inhabituelles autour du dollar canadien, dans l'heure qui a précédé l'annonce officielle des données de Statistique Canada sur l'emploi au mois d'avril.

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a été le premier à être soupçonné, puisqu'au cours des derniers mois il s'était mis à spéculer que le rapport de l'agence fédérale serait «décevant» ou «regrettable».

M. Flaherty s'est cependant défendu d'une telle accusation devant la Chambre des communes, arguant qu'il n'avait pas pris connaissance des statistiques lorsqu'il a fait ces commentaires, quoiqu'il ait vu les données la veille au soir.

Les fonctionnaires du ministère de Finances, du Bureau du Conseil Privé et aux ressources humaines sont informés des statistiques importantes dans l'après-midi qui précède la divulgation des rapports, afin qu'ils transmettent l'information nécessaire aux ministres concernés.

Mais les soupçons se sont par la suite dirigés vers les journalistes, parce que les négociations sur les marchés ont commencé dans l'heure qui a précédé la divulgation de rapports, au moment où les représentants de la presse consultaient les documents à huis clos, a expliqué Douglas Porter, économiste chez BMO Marchés des capitaux.

«StatCan a affirmé qu'ils avaient tout vérifié et qu'il n'y avait pas eu de fuite au sein de l'agence, mais je ne crois pas que ce soit là que se trouve problème. Les négociations ont commencé dans l'heure avant la publication, ce qui, selon moi, semble indiquer que le problème se trouve dans le huis clos de la presse», a-t-il avancé.

Statistique Canada a réitéré que rien ne laissait croire qu'il y ait eu fuite d'informations, mais l'agence a néanmoins rehaussé la sécurité du huis clos.

M. Massey-Smith n'a pas voulu commenter les motifs de l'agence à instaurer de nouvelles mesures de sécurité, mais il a affirmé qu'elles étaient en cours de révision et que d'autres changements pourraient éventuellement être apportés.