La direction de Power Corporation (t.pow) croit toujours que les actionnaires n'ont pas à être consultés sur le salaire des dirigeants. Mais avec les banques qui se plient désormais au jeu, la porte s'entrouvre.

Hier, au cours de l'assemblée annuelle des actionnaires, une proposition demandant que la politique de rémunération soit soumise aux actionnaires pour consultation a obtenu 18% d'appuis. «C'est bon», a lancé à l'annonce du résultat Nathalie St-Pierre, du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC), l'organisme qui présentait la proposition.

La direction et le conseil de Power Corporation s'opposaient à la proposition. À lui seul, Paul Desmarais, président du comité exécutif, contrôle 62,2% des droits de vote de l'entreprise, selon la circulaire émise ce printemps. C'est donc dire que près de la moitié des 37,8% des droits de vote restants sont allés du côté du MEDAC.

Après le vote, Paul Desmarais, jr, président du conseil et co-chef de la direction, ne s'est pas montré étonné du résultat. «Je pense que les gens sont énervés, outrés par les exagérations qu'ils ont vues dans les marchés un peu partout dans le monde... Nous aussi, on est préoccupés par ces questions-là.»

M. Desmarais continue toutefois de croire que les actionnaires sont mieux servis par la formule actuelle, où le comité de rémunération a la latitude requise pour attirer «les meilleurs joueurs possible pour gagner nos matchs et aller de l'avant comme on l'a fait jusqu'à présent. Et ça, on ne veut pas changer ça».

Du même souffle, il ne ferme pas la porte pour toujours, si l'expérience s'avère positive avec les banques qui viennent de donner un pouvoir consultatif à leurs actionnaires. «Nous, on ne pense simplement pas que ça va être un bon mécanisme. Mais on va attendre pendant un an, deux ans et on verra», dit-il.

Une autre proposition du MEDAC, touchant aussi à la rémunération, a obtenu près de 15% des voix. Quant à celle présentée par les Fonds Éthiques et Bâtirente sur la responsabilité sociale de l'entreprise, elle a récolté 14%.

Bénéfice en baisse

L'assemblée annuelle a aussi été l'occasion de présenter les résultats du premier trimestre de 2009, qui a vu fondre le bénéfice net de 60%. Il est passé de 376 millions de dollars en 2008 à 151 millions cette année.

Cette baisse est principalement attribuable à la diminution du bénéfice de la Corporation financière Power.

«L'environnement économique s'annonce difficile en 2009 et au-delà pour toutes nos filiales et participations, a indiqué André Desmarais, président délégué du conseil, président et co-chef de la direction de Power, dont une filiale, Gesca, est propriétaire de La Presse. Nous pensons toutefois que Power Corporation continuera d'être l'une des sociétés les mieux placées pour relever ces défis et en tirer parti.»

Hier, le titre de Power Corporation a perdu 71 cents, ou 2,9%, à 23,59$, dans un marché en forte baisse. Dans la dernière année, l'action a oscillé entre 14,70$ et 35,15$.