La décision de la Banque du Canada de maintenir son taux directeur à 0,25% jusqu'en juin 2010 permettra de soutenir la croissance de l'économie canadienne en offrant une stabilité aux emprunteurs et en rassurant les consommateurs, estime le gouverneur de l'institution fédérale, Mark Carney.

Geste sans précédent, la Banque du Canada a annoncé la semaine dernière son intention de maintenir son taux directeur à ce niveau historique de 0,25% pour les 14 prochains mois afin de permettre à l'économie canadienne de s'extirper plus rapidement de la crise mondiale.

 

Historiquement, la Banque du Canada a toujours annoncé son taux directeur pour une durée d'un mois. Mais confronté à un ralentissement économique mondial qui s'avère pire que prévu, Mark Carney a décidé de prendre le taureau par les cornes la semaine dernière en confirmant que le taux demeurera stable jusqu'au milieu de 2010. Ce geste, qui a pris au dépourvu la plupart des observateurs et des économistes, a été unanimement salué.

Témoignant hier devant le comité des finances de la Chambre de communes, M. Carney s'est dit convaincu que cette décision contribuera à soutenir l'économie canadienne.

«Depuis décembre 2007, nous avons abaissé les taux d'intérêt de 425 points de base au total. Ils ont ainsi touché leur creux historique et leur niveau le plus bas possible. La banque est d'avis que cet assouplissement cumulatif, conjugué à son engagement conditionnel de maintenir les taux à un bas niveau pendant une période prolongée, représente l'orientation qui convient pour la politique monétaire afin que l'économie se remette à tourner à pleine capacité», a affirmé M. Carney.

Les députés siégeant au comité des finances ont d'ailleurs tenu à saluer cette décision de la part du gouverneur de la Banque du Canada.

Ancien économiste en chef de la Banque Royale, le député libéral John McCallum a soutenu qu'un taux d'intérêt bas et prévisible ne peut qu'avoir un effet tonifiant pour l'économie.

«Il s'agit d'une décision innovatrice et appropriée de votre part. Cela ne peut qu'influencer les marchés et je n'avais jamais vu un tel geste dans le passé», a dit M. McCallum.

Le critique du NPD en matière de finances, Thomas Mulcair, a abondé dans le même sens hier. «Vous faites bien de donner une certaine assurance aux gens qui planifient des achats comme l'achat d'une maison. C'est une manière d'offrir de la stabilité et de donner de la confiance. Les gens doivent avoir confiance dans l'économie et, quand vous donnez cette garantie d'un taux bas pendant plus d'un an, c'est quelque chose de rassurant», a dit M. Mulcair.

M. Carney a profité de son passage devant le comité parlementaire pour réitérer que les dernières prévisions de la Banque du Canada selon lesquelles la récession au Canada sera plus profonde qu'elle ne l'avait prévu en janvier.

La Banque du Canada prévoit que le produit intérieur brut du pays reculera de 3% en 2009 (alors qu'elle tablait sur un recul de 1,2% en janvier pour l'année) et que la croissance reprendra à l'automne et s'accélérera pour atteindre 2,5% en 2010 et 4,7% en 2011. Comme il l'a fait à Washington en fin de semaine à l'occasion d'une réunion des ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays les plus industrialisés de la planète, M. Carney a affirmé que la reprise mondiale est tout simplement retardée par la lenteur de certains pays à faire le ménage dans leur système bancaire.

«Nous traversons une période difficile sur le plan économique et l'économie canadienne est secouée par une récession prononcée et synchronisée à l'échelle du globe. Ces derniers mois, cette récession a été accentuée par des retards dans la mise en oeuvre de mesures visant à restaurer la stabilité financière dans le monde», a dit le gouverneur.

M. Carney a dit croire que les pays membres du G20 semblent avoir compris l'ampleur de ce problème à l'occasion de leur dernier sommet à Londres, le mois dernier.

«Les décideurs des pays du G20 réagissent maintenant à la crise mondiale par un engagement renouvelé à l'égard de mesures concrètes et de plans détaillés. Selon notre scénario de référence, ces politiques seront mises en oeuvre rapidement et de façon efficace, et leurs effets se feront pleinement sentir l'année prochaine», a-t-il dit.