Le ministre des Finances Jim Flaherty songe à faire sa mise à jour économique et financière annuelle dès septembre, soit deux mois plus tôt que prévu, si l'état de santé de l'économie canadienne continue à se détériorer.

Le grand argentier du pays pourrait alors présenter des mesures additionnelles pour relancer l'économie du pays, rapportait hier l'agence de presse Bloomberg, qui citait des sources anonymes.

 

La pression s'accentue sur le gouvernement Harper pour qu'il présente de nouvelles mesures budgétaires depuis quelques semaines après la perte de près de 300 000 emplois depuis le début de l'année et dans la foulée des mauvaises nouvelles économiques qui ne cessent de s'accumuler.

Encore hier, la Banque du Canada a indiqué que la chute des exportations et la baisse des dépenses des ménages canadiens pourraient entraîner une contraction du produit intérieur brut de l'ordre de 7,3% au cours du premier trimestre de l'année.

Au début de la semaine, l'institution fédérale a réduit son taux directeur au taux historique de 0,25% et a promis de le maintenir à ce niveau au moins jusqu'en juin 2010 pour encourager les consommateurs à dépenser. La Banque du Canada a aussi affirmé que la récession qui frappe le pays entraînerait une réduction de 3% du produit intérieur brut (PIB) pour toute l'année 2009. Dans son budget adopté en mars, le ministre Flaherty prévoyait une contraction de 1,2% du PIB cette année.

Chisolm Pothier, proche collaborateur du ministre Flaherty, a indiqué hier qu'aucune décision n'avait été arrêtée quant à la date de la mise à jour économique et financière.

Il a souligné que le gouvernement Harper avait accepté de faire des mises à jour périodiques, comme le demandait le Parti libéral pour appuyer le dernier budget. Une première mise à jour a eu lieu en mars et la prochaine est prévue pour la fin juin.

Toutefois, il a laissé la porte ouverte à ce que le ministre Flaherty présente sa mise à jour économique et financière annuelle plus tôt. «Nous avons dit que nous allons continuer à surveiller de près la situation économique et que nous allons faire ce qui est nécessaire pour combattre cette récession mondiale et en limiter l'impact sur les Canadiens», a dit M. Pothier.

Plus tard, dans une entrevue accordée à CTV Newsnet, le ministre Flaherty a tenté de minimiser les attentes quant à une éventuelle mise à jour économique en septembre, affirmant qu'il n'y avait «pas de plan pour faire une telle chose».

En temps normal, les mises à jour économiques et financières font l'objet d'un vote de confiance à la Chambre des communes quand le ministre propose des mesures fiscales immédiates ou de nouvelles dépenses.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper est minoritaire à la Chambre des communes, ne détenant que 143 des 308 sièges. Il aura donc besoin de l'appui d'au moins un des trois partis de l'opposition pour survivre à un tel vote de confiance. À défaut de quoi il sera renversé et le premier ministre Stephen Harper devra demander à la gouverneure générale Michaëlle Jean de dissoudre le Parlement et de convoquer les Canadiens aux urnes. Il s'agirait du quatrième scrutin fédéral depuis 2004.

Le Parti libéral, le Bloc québécois et le NPD ont soutenu à l'unisson hier que le gouvernement Harper doit présenter de nouvelles mesures pour stimuler l'économie au cours des prochaines semaines au lieu d'attendre à septembre ou octobre.

Le critique libéral en matière de finances, John McCallum, n'a pu s'empêcher de noter que le ministre Flaherty et le premier ministre Stephen Harper ne semblaient pas sur la même longueur d'onde sur la nécessité d'adopter d'autres mesures pour stimuler l'économie.

«Ce gouvernement est comme un yoyo. Le ministre des Finances veut des mesures en septembre et le premier ministre dit le contraire le même jour. Selon la Banque du Canada, le premier trimestre de cette année sera le pire depuis qu'on a commencé les statistiques il y a presque 50 ans. Et donc peut-être que le premier ministre a tort et le ministre des Finances a raison qu'on aura besoin de plus de mesures et peut-être même avant septembre, peut-être en juin», a dit M. McCallum.

Le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe a abondé dans le même sens. «Je pense que ça prend de nouvelles mesures. Ça me semble très clair et il me semble plus tôt que tard. On travaille sur ça actuellement, et je pense que la Banque du Canada a donné un signal hier. Il est temps que le gouvernement se réveille», a-t-il dit.

Le chef du NPD, Jack Layton, a rappelé que son parti exige de nouvelles mesures depuis plusieurs semaines, notamment des changements à l'assurance-emploi. «On va continuer de presser le gouvernement là-dessus. Mais on a besoin de ça dans les prochaines quelques semaines. On ne peut pas attendre jusqu'au mois d'octobre.»