Le Canada portera plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) si l'Union européenne décide d'interdire les produits dérivés du phoque, a averti vendredi le ministre du commerce international Stockwell Day.

L'Union européenne se dirige vers un embargo sur les importations de produits dérivés du phoque en signe de protestation contre les méthodes de chasse, jugées cruelles, de ces mammifères et le Parlement européen (PE) doit voter sur une interdiction le 22 avril.

«Aucune raison ne justifie l'interdiction de l'importation des produits dérivés du phoque», a souligné le ministre Day dans un communiqué.

«Si l'interdiction imposée par l'UE ne prévoit pas de dérogation acceptable pour les produits dérivés de la chasse sans cruauté, le Canada défendra ses droits et ses intérêts aux termes des accords pertinents de l'OMC», a ajouté M. Day.

Il s'est dit convaincu que l'OMC jugera une telle mesure contraire «aux obligations des pays de l'UE en vertu des règles de l'OMC».

Un premier projet européen proposait un système d'étiquetage pour garantir au consommateur que le produit acheté provenait de phoques tués «sans souffrance inutile», mais une majorité s'est dégagée en faveur d'une interdiction totale.

Ottawa a autorisé cette année l'abattage de quelque 338 000 phoques, affirmant que la chasse commerciale pratiquée chaque année au printemps sur la côte est canadienne ne menace pas la survie de cette espèce.

Le Canada a fait des efforts considérables pour s'assurer que la chasse soit effectuée sans cruauté, a fait valoir M. Day, en rappelant que la chasse des blanchons - les bébés phoques dont la fourrure est encore blanche - est interdite.

La ministre des Pêches et Océans Gail Shea avait déjà indiqué qu'Ottawa entendait lancer un recours devant l'OMC si l'UE interdisait les produits du phoque.

La chasse au phoque constitue une importante source de revenus pour de nombreuses petites localités côtières isolées du Canada atlantique, du Québec et du Nord, a plaidé le ministère canadien du Commerce, indiquant qu'elle peut représenter jusqu'à 35% du revenu annuel d'un chasseur de phoque.

Selon Ottawa, on compte aujourd'hui près de huit millions de phoques le long de la côte Est du Canada, soit trois fois plus que durant les années 1970.

Plus de 19 000 phoques ont été tués la semaine dernière au cours de la première phase de la chasse commerciale sur la façade atlantique du Canada.