À l'approche de la fin de la période des transactions, aucun joueur des Flames de Calgary ne veut changer d'adresse. Bien sûr, l'équipe albertaine est l'une des meilleures de la LNH cette saison. Mais les joueurs des Flames craignent aussi de vendre leur maison à perte. Depuis un an, la valeur des maisons a chuté de 9,4 % à Calgary.

«Certains gars qui ont été échangés l'an dernier ont perdu de l'argent avec la vente de leur maison, dit le Montréalais Matthew Lombardi, qui joue sa cinquième saison avec les Flames. Avant, quand un joueur était échangé, il vendait sa maison à profit parfois en moins d'une semaine. Il y avait tellement d'acheteurs sur le marché qu'ils provoquaient une guerre de prix.»La valeur des propriétés chute actuellement d'environ 1% par mois à Calgary, selon la Banque Nationale. Le marché immobilier de la métropole albertaine a perdu 7,08% depuis un an. Et le pire est à venir. Selon l'Association canadienne de l'immeuble, dont les chiffres sont habituellement conservateurs, la valeur des propriétés diminuerait en moyenne de -8,9% en 2009. Il s'agirait de la pire année pour le marché immobilier albertain depuis que l'organisme a commencé à colliger ses données en 1980.

Le marché des condos est particulièrement préoccupant. À Calgary, le taux de vente des condos avant leur livraison a chuté de 100% à 82,5% depuis septembre. «Les condos au centre-ville et les maisons unifamiliales en banlieue ont été les plus affectés par la chute du marché, dit Sano Stante, l'un des agents immobiliers les plus en vue dans la métropole albertaine.

Depuis leur sommet en 2006, la valeur de ces propriétés a diminué jusqu'à 25% dans certains quartiers.» Sano Stante n'est guère étonné par cet effondrement général du marché immobilier. Au cours des dernières années, il se sentait davantage comme un encanteur que comme un agent immobilier. «On disait aux gens qui vendaient leur maison de n'en parler à personne, dit l'agent immobilier, qui possède 24 ans de métier. Le truc, c'était de garder ça secret et de gérer l'annonce de la vente. Vous aviez alors plusieurs offres pour faire monter les enchères. Avant, il y avait deux acheteurs pour un vendeur. Maintenant, il y a six vendeurs pour un acheteur.» Dans un contexte aussi difficile, pas étonnant que certains clients soient désagréables. «Je passe le plus clair de mon temps à éduquer mes clients, dit-il. Ils sont comme des patients cancéreux qui changent constamment de docteur parce qu'ils n'aiment pas le diagnostic. Ils choisissent finalement le docteur qui leur dit qu'ils n'ont pas le cancer. Mais ce n'est pas comme ça que ça marche. Le marché est en baisse pour tout le monde.» Ses clients les plus faciles à vivre : les Canadiens des autres provinces ­ particulièrement des Maritimes ­ qui n'hésitent pas à vendre leur maison à perte parce qu'ils retournent chez eux. «Ils achètent une maison plus grande dans leur province d'origine pour beaucoup moins cher, dit M. Stante.

Dans ce contexte, ça ne leur dérange pas de perdre un peu d'argent sur la vente de leur maison en Alberta.» Matthew Lombardi, lui, espère ne pas être forcé de quitter Calgary et de vendre sa maison achetée à l'automne 2007. «Au plan financier, c'était probablement le pire moment pour acheter mais ma femme et moi sommes super contents de notre achat, dit l'attaquant des Flames, qui gagne 1,5 million cette saison. Nous avions besoin d'une maison pour l'arrivée de notre petite fille. De toute façon, tu ne peux pas prédire l'avenir dans l'immobilier.»