Le gouvernement canadien a averti les États-Unis qu'ils ne pourront empêcher d'autres pays d'adopter des mesures protectionnistes si le Congrès adopte en l'état actuel le plan de relance de l'économie américaine.

Dans une lettre ferme adressée lundi aux dirigeants du Sénat, l'ambassadeur canadien à Washington, Michael Wilson, s'inquiète de l'effet de contagion que ce plan pourrait avoir sur l'économie mondiale et rappelle que les mêmes politiques avaient conduit à la Grande dépression dans les années 1930. «Si la clause Achetez américain finit par faire partie du plan de relance, les États-Unis vont perdre l'autorité morale pour faire pression sur les autres (pays) pour qu'ils n'adoptent pas de mesures protectionnistes», écrit l'ambassadeur aux chefs de la majorité démocrate et de la minorité républicaine du Sénat, Harry Reid et Mitch McConnell.

M. Wilson rappelle ensuite que le Canada est le premier partenaire commercial des États-Unis, que les économies des deux pays sont très interdépendantes et qu'environ 7 millions d'emplois américains dépendent du commerce avec le voisin du nord.

«Si chacun de nos gouvernements devait mettre en place de nouvelles barrières ou préférences commerciales (...) cela aurait pour effet des pertes plutôt que des créations d'emplois», souligne-t-il.

La Chambre des représentants a adopté mercredi dernier un projet de loi interdisant l'utilisation d'acier et de fer étrangers pour les projets d'infrastructures qui seront financés par le plan de relance. La version du plan examiné par le Sénat étendrait cette clause à tous les produits achetés avec l'argent public.

Le gouvernement américain a annoncé vendredi «réexaminer» la disposition protégeant les sidérurgistes américains, mais sans s'engager davantage.

Le Canada souhaite que ce différend potentiel avec son voisin américain soit réglé avant la visite à Ottawa du président Barack Obama le 19 février.