Le gouvernement conservateur fait preuve d'une grande prudence dans ses prévisions économiques pour l'année en cours de manière à donner de la crédibilité à son budget, mais il regorge d'optimisme pour la suite des choses.

En ce qui a trait à la croissance réelle de l'économie, Ottawa s'en remet à la moyenne des prévisions du secteur privé: -0,8% cette année, 2,4% l'an prochain et 3% en 2011.

 

Il se démarque d'eux cependant en ce qui concerne la croissance de l'économie exprimée en dollars d'aujourd'hui. C'est ce qu'on appelle le produit intérieur brut nominal. Pour l'année en cours, il prévoit un recul plus grand du PIB nominal de manière à diminuer ses projections de revenus. S'il se révèle trop pessimiste, alors le déficit prévu de 33,7 milliards sera moins élevé.

Pour les années subséquentes toutefois, Ottawa projette une croissance nominale de l'économie plus élevée que le secteur privé pour chacune des années de sa projection qui court jusqu'en 2014.

En 2011 et 2012, l'écart dépasse un demi-point de pourcentage, ce qui lui permet de souffler ses revenus anticipés de quelque 600 millions la première année, de 1,2 million la deuxième et encore de 600 millions en 2013. Ottawa précise dans son document budgétaire que l'écart d'un point de pourcentage du PIB nominal entraîne une différence de 1,3 milliard dans ses revenus la première année et de 1 milliard la seconde.

Selon le gouvernement fédéral, le principal risque qui pèse sur l'économie canadienne, c'est la faiblesse et la volatilité des prix des produits de base, deux éléments qui agissent beaucoup sur le PIB nominal. «Dans l'ensemble, les perspectives au sujet des prix des produits de base comportent un important risque à la baisse par rapport à la moyenne des prévisions du secteur privé pour le PIB nominal, lit-on dans le document budgétaire du ministre Jim Flaherty. Ces risques à la baisse sont plus marqués pour 2009 et 2010.»

En 2010, Ottawa prévoit pourtant une croissance du PIB nominal de 4,3% contre 4,2% pour le secteur privé. Cet écart a son importance puisque le PIB nominal reflète le mieux l'assiette fiscale du gouvernement

Son budget de 2010-2011 est assorti d'un déficit prévu de 29,8 milliards.

Prévision moyenne

Pour le reste, Ottawa se contente de reproduire la prévision moyenne des économistes des grandes institutions financières. Elles sont en général plus sombres que celles de la Banque du Canada qui table sur une croissance réelle (en excluant les effets des variations de prix) de 3,8% dès l'an prochain. Le secteur privé voit plutôt 2,1%.

En revanche, tout ce beau monde semble converger vers une croissance moyenne de 3,0% de 2011 à 2014, ce qui en accord avec une expansion optimale, c'est-à-dire avec un taux d'inflation près de 2,0%.

D'ici là, le taux de chômage passera de 6,1% en moyenne l'an dernier jusqu'à 7,7% l'an prochain en moyenne avant de redescendre sous la barre des 7,0% au tournant de la décennie.

Le dollar canadien quant à lui oscillera autour des 81 cents US d'équivalence cette année avant de reprendre sa progression. Les économistes ne voient guère de retour à la parité d'ici 2014.

Cela s'explique en grande partie par leurs prévisions sur les cours du brut. Ils remonteront par rapport à leur creux actuel mais ne devraient pas ré-atteindre le seuil des 100 dollars US le baril dans l'horizon projeté.