Quelle que soit leur taille, les caisses de retraite canadiennes ont sans aucun doute connu en 2008 les pires rendements de leur histoire, provoqués par la débâcle boursière.

Qui plus est, les gros portefeuilles institutionnels, qui ont l'habitude de se couvrir contre les risques de change, n'ont pu pour la plupart tirer profit de la soudaine dépréciation du huard face au billet vert, survenue au dernier trimestre. Elle aura permis en revanche aux plus petites de limiter les pertes de leurs placements non canadiens.

Une caisse, investie à 40% en obligations et bons du Trésor et à 60% en actions, aura obtenu un rendement indiciel de -8,2%, d'octobre à décembre. La saignée porte l'hémorragie annuelle à -16,3%, selon les calculs de la firme Morneau Sobeco.

Une caisse plus conservatrice, qui privilégiait les titres à revenus fixes jusqu'à 55% de son portefeuille a été moins touchée: ses pertes trimestrielles s'élèvent à 6,2%, poussant le rendement annuel indiciel à -11,6%.

Pour une institution comme la Caisse de dépôt et placement du Québec, dont seulement 29,5% de l'actif sous gestion était investi en titres à revenus fixes, selon la pondération du 31 décembre 2007, les rendements attendus ont eu de quoi nourrir palpitations et insomnies à ses dirigeants.

Il va de soi qu'une gestion active opportune a limité les dégâts, quel que soit le type de portefeuilles. Au troisième trimestre, l'échantillon de Morneau Sobeco montrait que plus de la moitié des gestionnaires étaient parvenus à battre les grands indices par quelques dixièmes de points de pourcentage, ce qui est beaucoup. Cela signifie aussi que près de la moitié avait failli à la tâche.

En supposant qu'ils aient encore en majorité bien fait au quatrième trimestre, leur travail n'aura pu empêcher que les résultats d'ensemble de 2008 éclipsent les tristes rendements de 2002 qui faisaient suite à l'éclatement de la technobulle.

Un portefeuille dynamique avait alors essuyé une perte de 7,01%, tandis qu'une pondération plus conservatrice avait limité les dégâts à 2,54%. Cette année-là, le rendement de la Caisse de dépôt avait plongé dans le rouge à -9,9%.

C'est en anticipant des résultats aussi médiocres que patronat et syndicats étaient parvenus le mois dernier à convaincre Québec d'assouplir les règles de solvabilité auxquelles sont assujettis les régimes de retraite à prestations déterminées. Ces assouplissements, qui prévoient notamment l'extension de cinq à 10 ans de l'amortissement des cotisations pour rétablir la solvabilité, doivent faire partie d'un projet de loi que devrait déposer le ministre Sam Hamad lors de la minisession de la semaine prochaine.

Les obligations �©taient la cl�©

Les obligations auront été le véhicule de placement le plus lucratif en 2008 avec un rendement appréciable de 6,4% de l'indice de référence DEX Univers, dont 4,45 points ont été acquis d'octobre à décembre.

À l'opposé, l'indice composite S&P/TSX de la Bourse de Toronto a plongé de 33% l'an dernier. Un peu plus des deux tiers de ses pertes sont survenues durant l'automne. À titre indicatif, le bas de laine des Québécois avait investi 12,9% des 257,7 milliards sous sa gestion dans ce véhicule, au 31 décembre 2007.

Exprimées en dollars américains, les pertes du maître-indice new-yorkais, le S&P 500, sont plus lourdes que celles du S&P/TSX de Toronto, à hauteur de 37%, l'an dernier. Si on les ramène cependant en dollars canadiens, elles dont limitées à 22,6%. La raison est fort simple: l'an dernier, le billet vert s'est apprécié de 22,9% contre le huard. La plus grosse partie de cette poussée s'est matérialisée durant l'effondrement des Bourses du monde cet automne.

Les actions placées ailleurs à l'étranger ont aussi été balayées par la tempête boursière, mais la dépréciation du dollar canadien aura permis de contenir les pertes de l'indice MSCI Europe-Asie-Extrême-Orient à -29,2%.

Il est probable que la plupart des gros portefeuilles (1 milliard et plus) se sont couverts contre les risques de change qui peuvent jouer dans les deux sens. En pareils cas, leurs pertes pourraient être plus lourdes.

Mentionnons enfin que les caisses de petite et moyenne taille étaient peu investies dans les fonds de couverture, aussi fort éprouvés l'an dernier. A contrario, elles n'ont pu profiter de la robustesse du marché immobilier canadien qui s'est bien comporté durant le plus gros de l'année.