Les grands constructeurs automobiles allemands, qui ont pu rencontrer Donald Trump mardi à la Maison-Blanche, ont jugé que sa menace d'imposer de lourds droits de douane sur leurs automobiles importées aux États-Unis s'éloignait.

M. Trump a rencontré en personne et pendant environ 30 minutes les PDG de Daimler, Dieter Zetsche, de Volkswagen, Herbert Diess, et le directeur financier de BMW, Nicolas Peter.  

Les Allemands ne devaient initialement voir que des membres de l'administration américaine. Mais après leur entrevue avec le chef de l'État, ils ont estimé que le spectre des taxes punitives s'éloignait.  

Selon un très bref communiqué de la Maison-Blanche publié à l'issue de la rencontre, le président américain « a partagé sa volonté de voir tous les constructeurs automobiles produire aux États-Unis et d'offrir un environnement plus favorable aux entreprises ».

« Nous essayons de leur faire augmenter leur production aux États-Unis », avait souligné le ministre américain du Commerce, Wilbur Ross, avant la réunion.

Il s'agit pour les États-Unis de réduire leur déficit commercial dans l'automobile et les pièces détachées, qui s'élève à quelque 30 milliards de dollars annuels, soit un peu moins de la moitié du déficit commercial total avec l'Allemagne.

Donald Trump a menacé d'imposer des droits de douane de 25 % sur les voitures importées aux États-Unis, notamment d'Europe. Une taxe qui pénaliserait particulièrement l'économie et les constructeurs allemands.

La menace se réduit

Dieter Zetsche, le patron de Daimler et parfait connaisseur de l'Amérique où il a vécu et dirigé Chrysler, a estimé que « la menace potentielle et implicite (de tarifs) a été réduite », après la rencontre. Il a souligné que les Allemands comme le président avaient pour objectif d'investir plus aux États-Unis, mais a pris soin de souligner : « si les conditions restent les mêmes qu'aujourd'hui ».

« L'atmosphère de la rencontre (avec le président) a été très positive et plaisante », a-t-il ajouté.

Herbert Diess, le patron de Volkswagen, s'est lui aussi montré optimiste. « La raison pour laquelle nous sommes là, c'est pour éviter les droits de douane supplémentaires et je pense qu'on est sur la bonne voie », a-t-il dit à la sortie de la réunion. « Je pense que nous avons fait un grand pas ».

Dans un communiqué, BMW a qualifié de « constructive » la rencontre, durant laquelle le constructeur a exposé « en détails » ses investissements aux États-Unis, dans son usine de Spartanburg (Caroline du Sud, sud-est).

Les constructeurs ont pris soin de préciser, comme l'avait déjà rappelé la veille la chancelière allemande Angela Merkel, que seule la Commission européenne était habilitée à mener des négociations commerciales au nom des pays membres de l'UE et de ses entreprises.

Volkswagen a souligné son projet de coopération avec Ford et celle active avec Microsoft aux États-Unis. BMW a fait remarquer qu'il avait investi 9,3 milliards de dollars aux États-Unis, qu'il en investira encore 600 millions d'ici 2021. Mille emplois s'ajouteront d'ici là aux 10 000 déjà existants dans son usine en Caroline du Sud.

Comme l'avait fait son PDG la semaine dernière, le communiqué de BMW indique que le constructeur étudie la possibilité d'installer une usine de moteurs aux États-Unis, ce qui lui avait valu les louanges du président.  

Mais BMW précise, contrairement à ce que M. Trump avait affirmé, qu'« aucune décision n'a encore été prise ».

La visite en juillet à Washington du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait permis de reprendre langue et d'apaiser quelque peu les tensions commerciales de part et d'autre de l'Atlantique. Mais le président américain a de nouveau brandi la menace cet automne.

M. Ross a temporisé, dans une interview sur la chaîne CNBC. « Le timing de toute cette affaire dépend largement de ce qui arrivera pendant les négociations » avec l'UE, a déclaré le ministre du Commerce, alors que celles-ci ne semblent guère faire de progrès.

« Nous ne négocions pas vraiment avec les Américains », avait observé la Commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström lors d'un déplacement à Washington mi-novembre.