Ford a conclu mercredi une journée noire pour l'automobile américaine en prévenant qu'il allait engager une lourde restructuration devant se traduire par une charge de 11 milliards $ dans ses comptes dans les trois à cinq prochaines années.

Le titre dévissait de près de 5% dans les échanges électroniques suivant la clôture à Wall Street.

Le constructeur automobile n'a pas dit si ces travaux d'Hercule allaient conduire à des suppressions d'emplois et à des fermetures d'usines.

Il s'est contenté d'indiquer envisager de revoir le design de certains modèles, de réallouer ses liquidités vers les segments rentables et de réexaminer certains partenariats stratégiques.

« L'équipe est en train de prendre des décisions difficiles », a simplement indiqué le directeur financier Bob Shanks, ajoutant que Ford allait abandonner des modèles de voitures non rentables.

« Le type de redesign que nous allons effectuer prend du temps et nous allons communiquer une fois que nous aurons pris les décisions comme abandonner les silhouettes traditionnelles des berlines que nous commercialisons en Amérique du Nord », a-t-il déclaré.

Signe du trou noir que traverse actuellement le groupe, Ford a reporté à une date ultérieure le rendez-vous donné le 26 septembre aux marchés financiers au cours duquel Jim Hackett, PDG depuis plus d'un an, devait présenter sa stratégie de relance.

Fin avril, la marque à l'ovale bleu a décidé de ne plus investir dans les voitures compactes en Amérique du Nord, région dominée par les grosses voitures.

En Asie, et plus particulièrement en Chine, son portefeuille n'a pas été revu depuis longtemps, tandis qu'en Europe le groupe déplore un manque de productivité et un « manque d'efficacité », qui ont conduit à des pertes dans les deux régions lors du deuxième trimestre.

Ces éléments ont conduit Ford à abaisser son principal objectif financier annuel. Le bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, est maintenant attendu entre 1,30 et 1,50 dollar contre de 1,45 à 1,70 $ auparavant Ford rejoint ainsi General Motors (GM) et Fiat Chrysler, qui ont revu en début de journée mercredi leurs ambitions à la baisse.

Les trois géants de Detroit, sanctionnés en Bourse, sont confrontés à des incertitudes liées à la guerre commerciale enclenchée par le président Donald Trump, qui a décidé d'imposer de nouveaux tarifs douaniers de 25% et 10% sur respectivement des importations d'acier et d'aluminium.

Cette mesure, suivie par une riposte des pays affectés (Chine, Canada, Mexique et Union européenne notamment), a entraîné une flambée des prix de ces deux matériaux comptant pour plus de la moitié des composants d'une voiture.

Le locataire de la Maison-Blanche menace aussi de taxer lourdement des importations de voitures.

Au deuxième trimestre, le bénéfice net de Ford a chuté de 48% à 1,07 milliard $, tandis que le chiffre d'affaires a reculé de 2,4% à 38,92 milliards.