La Chine a annoncé mardi la levée d'ici cinq ans des restrictions empêchant les constructeurs automobiles étrangers de contrôler leur filiale locale: un assouplissement réclamé depuis longtemps par ses partenaires, États-Unis en tête, et étendu à la construction navale et aéronautique.

Pour l'instant, toute multinationale désirant produire en Chine doit obligatoirement créer une coentreprise avec un fabricant chinois. De Volkswagen à Peugeot, en passant par Ford, aucun constructeur automobile étranger ne peut posséder plus de 50 % de cette «joint-venture».

Mais cette limite sera levée d'ici à 2020 pour les entités produisant des véhicules commerciaux. Et d'ici 2022 pour la production de voitures individuelles, a indiqué l'agence de planification chinoise (NDRC).

Le plafond sera même supprimé dès 2018 pour les véhicules électriques et hybrides.

«Après cinq années de transition, toutes les restrictions auront été supprimées», a insisté la NDRC. Dès 2022, les investisseurs étrangers pourront également s'engager dans plus de deux coentreprises dans le secteur automobile.

Implanté en Chine depuis les années 1980, le géant allemand Volkswagen a déclaré «saluer toute ouverture et libéralisation du marché chinois». «Nous allons analyser avec attention si ces changements ouvrent de nouvelles options pour le groupe Volkswagen et ses marques», a indiqué un porte-parole à l'AFP.

Daimler, la maison-mère de Mercedes, a déclaré «suivre de près les évolutions des régulations», tout en étant «satisfait» des coopérations existantes.

Du côté des constructeurs dont la production est essentiellement constituée de véhicules à moteur thermique, les futures réglementations «ne changeront pas grand-chose puisque tous ont déjà des coentreprises dans le pays, avec lesquelles elles produisent déjà des volumes considérables», estime Li Yanwei, analyste associé à la Fédération chinoise des concessionnaires automobiles.

Tesla gagnant ?

En revanche, «le principal impact» sera pour les constructeurs de véhicules électriques, souligne M. Li. Pour des groupes comme l'Américain Tesla, qui n'a pas encore d'usine en Chine, cela aura ainsi «des conséquences immédiates».

«La Chine est le plus grand marché mondial des voitures électriques, donc elle a un fort pouvoir d'attraction pour tout fabricant automobile. La demande de véhicules électriques est très faible dans les autres pays.»

Elon Musk, le patron de Tesla, avait demandé l'aide du président américain Donald Trump, face aux difficultés de l'entreprise à pouvoir produire dans le pays asiatique.

La fin des restrictions pourrait par ailleurs donner des marges accrues aux constructeurs pour «s'arroger de plus forts bénéfices» et pour «préserver leurs secrets technologiques», explique M. Li.

Donald Trump accuse régulièrement la Chine de forcer les constructeurs américains à transférer des technologies à leurs partenaires chinois. Washington a d'ailleurs lancé le 23 mars une procédure contre Pékin devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour «atteinte au droit de la propriété intellectuelle des entreprises».

Outre l'automobile, d'autres secteurs sont concernés par la libéralisation annoncée mardi par la NDRC.

La Chine supprimera ainsi en 2018 les limites à la participation d'investisseurs étrangers dans la construction navale (conception, production ou réparation de navires). Une mesure similaire sera mise en place dans la construction aéronautique (fabricants de gros-porteurs, d'avions régionaux, d'hélicoptères et de drones).

Une promesse de Xi

S'exprimant la semaine dernière devant un forum international, le président chinois Xi Jinping avait promis un assouplissement de l'encadrement des capitaux étrangers dans les industries automobile, navale et aéronautique, mais sans dévoiler de calendrier.

Les États-Unis et l'Union européenne (UE) se plaignaient de longue date de ces restrictions, réclamant une plus grande ouverture du marché chinois dans ces industries encore dominées par des groupes étatiques.

Xi Jinping avait par ailleurs dévoilé la semaine dernière l'intention de la Chine réduire «considérablement» cette année les droits de douane sur les voitures importées.

La Chine est le plus grand marché automobile mondial, avec 28,9 millions de véhicules vendus en 2017, selon la fédération professionnelle CAAM.

En dépit de la contrainte de s'associer à des groupes chinois, les marques étrangères s'y taillent toujours la part du lion, avec environ 55 % du marché au premier trimestre 2018.

Sur la période janvier-mars, les ventes automobiles en Chine ont progressé de 2,8 % sur un an, en phase avec la croissance plutôt décevante de l'année 2017 dans son ensemble (+3 %). Mais très loin de l'envolée de 14 % enregistrée en 2016.