Le numéro un mondial de l'automobile, l'allemand Volkswagen, a annoncé vendredi une réduction de 40% des rémunérations de ses principaux dirigeants, qui faisaient plus que jamais polémique en pleine année électorale en Allemagne.

Désormais, la rémunération du patron du groupe ne pourra pas excéder 10 millions d'euros par an et celle des autres membres du directoire 5,5 millions d'euros par personne.

«La rémunération maximale théorique baisse ainsi de jusqu'à 40% par rapport au système précédent», a indiqué Volkswagen dans un communiqué diffusé à l'occasion d'une réunion de son conseil de surveillance à son siège de Wolfsburg (nord).

Ces plafonds ne peuvent par ailleurs être atteints que lors d'années exceptionnellement bonnes, selon Volkswagen.

Ce nouveau système, qui tient davantage compte de l'évolution de l'action en Bourse et relève le salaire fixe, est valable pour l'exercice financier en cours.

Il se rapproche des systèmes des autres entreprises du Dax, l'indice de référence de la Bourse de Francfort, et du code allemand de bonne conduite en matière de rémunérations, affirme Volkswagen.

La question du montant des rémunérations des plus hauts dirigeants de Volkswagen fait régulièrement débat en Allemagne, mais elle était plus sensible que jamais depuis la tricherie du constructeur sur 11 millions de ses véhicules diesel dans le monde, qui lui a valu la plus grave crise de son histoire, et alors que la campagne pour les élections législatives de septembre est engagée.

L'État régional de Basse-Saxe, qui détient deux places au sein du conseil de surveillance en sa qualité d'actionnaire de VW, soutenait selon la presse une transformation du système de rémunérations, avec le soutien des représentants du personnel. Dirigé par un social-démocrate, le Land était en porte-à-faux avec la ligne du parti SPD, qui défend dans la campagne électorale une modération des revenus des grands patrons.

La polémique a récemment ressurgi avec l'annonce fin janvier du départ de la directrice juridique, Christine Hohmann-Dennhardt, avec un chèque plus de 12 millions d'euros en poche selon la presse. Elle était arrivée chez VW seulement un an auparavant pour mettre de l'ordre dans l'entreprise.

Avant cela, le chef de Volkswagen Martin Winterkorn, qui a jeté l'éponge lors de l'éclatement du scandale en septembre 2015, avait empoché 17 millions d'euros en 2011, un record historique pour un patron du Dax.

En 2013, sous la pression de l'opinion publique, Volkswagen avait plafonné les bonus de ses dirigeants afin d'éviter que M. Winterkorn n'empoche environ 20 millions d'euros pour 2012.

Le débat a de nouveau enflammé l'Allemagne au printemps dernier, quand les membres du directoire ont semblé s'accrocher à leur bonus alors que l'entreprise était sous la menace d'une facture de plusieurs dizaines de milliards d'euros et d'importantes suppressions de poste en raison du dieselgate.

Dernièrement le Bild, quotidien le plus lu d'Allemagne, s'est offusqué en première page de la retraite de 28,5 millions d'euros accordée par Volkswagen à M. Winterkorn. Cela équivaut à 3100 euros par jour, selon le journal.

Volkswagen repasse dans le vert en 2016

Volkswagen a annoncé vendredi avoir dégagé un bénéfice net de 5,14 milliards d'euros en 2016, après une perte en 2015 dans le sillage du scandale des moteurs diesel.

L'année précédente, il avait accusé une perte inédite de 1,6 milliard d'euros en raison des lourdes provisions passées pour faire face aux conséquences de sa tricherie sur les moteurs de 11 millions de véhicules dans le monde.

Son chiffre d'affaires a atteint un niveau record de 217,3 milliards d'euros (+2%) et son bénéfice opérationnel est redevenu positif, à 7,1 milliards d'euros.

La marge opérationnelle, mesure de sa rentabilité, a grimpé à 6,7%, soit plus que l'objectif qu'il s'était fixé.

«Les chiffres le montrent. Volkswagen est très robuste, aussi bien au niveau opérationnel que financier. Cela nous donne confiance en l'avenir», a commenté le patron du groupe, Matthias Müller, cité dans un communiqué.

Malgré le dieselgate, qui a terni son image, et les difficultés persistantes sur certains marchés comme au Brésil et en Russie, le groupe aux douze marques (Volkswagen, Audi, Porsche, Seat...) a livré 10,3 millions de véhicules dans le monde, tiré notamment par le marché chinois.

Ces ventes records lui ont permis de devenir pour la première fois champion mondial, en damant le pion au japonais Toyota.

Pour 2016, le groupe va proposer un dividende en nette hausse sur un an, de 2 euros par action ordinaire et 2,06 euros par action préférentielle, contre 0,11 euro et 0,17 euro respectivement au titre de 2015.

Le mastodonte allemand compte continuer sur sa lancée cette année, avec une augmentation «modérée» des livraisons et une hausse allant jusqu'à 4% de son chiffre d'affaires.

La marge opérationnelle devrait de son côté être comprise entre 6 et 7%.

Le groupe a également indiqué avoir passé 4,4 milliards d'euros de nouvelles provisions au quatrième trimestre pour se couvrir face au coût des multiples poursuites judiciaires dans le monde liées au scandale des moteurs diesel truqués. Au total, leur montant s'élève à 22,6 milliards d'euros.

Rien qu'aux États-Unis, où a éclaté le scandale, Volkswagen s'est engagé à débourser environ 22 milliards d'euros.

Le groupe avait reconnu en septembre 2015 avoir équipé 11 millions de ses voitures - dont 600 000 aux États-Unis - d'un logiciel faussant le niveau réel d'émissions de gaz polluants, provoquant un scandale retentissant.