Le Québec n'est plus la société distincte qu'elle était. Pour la première fois en 2015, les Québécois ont acheté plus de camions et de VUS que de voitures, comme c'était déjà le cas dans le reste du Canada.

C'est un des constats de l'État de l'énergie au Québec, le bilan annuel de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal, qui en est à sa troisième édition.

Depuis 2009 déjà, les Québécois dépensent davantage pour l'achat de camions et de VUS, qui coûtent plus cher, que pour l'achat de voitures, explique Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la chaire. Mais pour la première fois en 2015, le volume des ventes de camions a dépassé celui des ventes de voitures.

C'est dans les villes de Montréal et de Québec que la part des camions dans le parc automobile a augmenté le plus en 2010 et 2015, ce qui indique un effet de mode plus que de nécessité.

« C'est une tendance lourde qui est extrêmement inquiétante », a-t-il commenté lors d'un entretien avec La Presse.

Sensibles au discours des environnementalistes lorsqu'il est question de pipeline et de sables bitumineux, les Québécois ne semblent pas se rendre compte qu'ils alimentent la demande de pétrole avec leurs achats de véhicules. « Il faut que les individus prennent conscience qu'ils ont un rôle à jouer dans la transition énergétique », estime le professeur, coauteur du rapport.

CIBLER AUSSI LES CONSOMMATEURS

Les environnementalistes, qui font campagne contre les sociétés pétrolières qui polluent, devraient aussi cibler le consommateur qui achète le pétrole. « C'est plus facile de s'attaquer aux pétrolières qu'aux individus, constate Pierre-Olivier Pineau. Ce n'est pas populaire et ces groupes ont besoin du financement populaire. »

Entre 1990 et 2015, les ventes d'essence ont augmenté de 19,3 % au Québec.

L'attitude des Québécois envers les véhicules personnels et l'insuffisance des moyens mis en place pour assurer la transition énergétique font en sorte que les cibles de réduction des gaz à effet de serre ne seront pas atteintes, constate aussi le chercheur.

« Du côté du gouvernement, on n'investit pas assez », estime-t-il, en donnant l'exemple du Fonds vert qui accumule de l'argent et n'en investit pas suffisamment.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, Archives La Presse

C'est dans les villes de Montréal et de Québec que la part des camions dans le parc automobile a augmenté le plus en 2010 et 2015, ce qui indique un effet de mode plus que de nécessité.

Ventes de véhicules neufs au Québec en 2015

• VOITURES : 218 456

• CAMIONS : 232 898

• TOTAL : 451 354

Source: Statistique Canada