Volkswagen (VW) a annoncé mercredi le départ inattendu de son directeur général aux États-Unis, qui intervient au moment où les autorités américaines accentuent la pression sur le groupe dans le scandale des moteurs diesel truqués pour contourner les lois antipollution.

Michael Horn, 54 ans, qui était le patron du géant allemand aux États-Unis depuis janvier 2014 et en première ligne dans les discussions avec les régulateurs américains, quitte le groupe avec effet immédiat, est-il précisé dans un communiqué.

Sans donner de raison précise à ce départ, le groupe de Wolfsburg (Allemagne) parle d'un accord « mutuel » et indique que M. Horn s'en va poursuivre d'autres opportunités hors du groupe.

Hinrich Woebcken, le nouveau PDG de VW en Amérique du Nord (États-Unis, Canada et Mexique), va assurer l'intérim.

« Je veux personnellement dire "Merci" à Michael Horn pour le bon travail qu'il a accompli pour la marque et les concessionnaires aux États-Unis », a salué le responsable de la marque Volkswagen Herbert Diess, cité dans le communiqué.

Pression

Cette annonce tombe deux mois après une tournée d'excuses ratée aux États-Unis du nouvel homme fort du groupe, Matthias Müller, 62 ans, l'ancien patron de Porsche qui a succédé à Martin Winterkorn, emporté par le scandale.

M. Müller s'était en effet distingué en déclarant à la radio publique américaine NPR en janvier que VW n'avait pas menti aux régulateurs, prenant le contre-pied de la stratégie initiale du groupe reposant sur un mea culpa et l'engagement qu'il fera tout pour se racheter.

S'exprimant dans un anglais parfait, Michael Horn, entré chez Volkswagen en 1990, était devenu le visage de Volkswagen pour le public américain, de sorte que les concessionnaires avaient demandé expressément ce qu'il reste en place, alors que circulaient des rumeurs de remaniement de l'équipe américaine quelques semaines après l'éclatement du scandale des moteurs truqués en septembre.

Il n'avait pas réussi à dissimuler publiquement sa frustration de la gestion de l'affaire par l'état-major du groupe en Allemagne.

Interrogé sur le fait que VW rejetait la faute sur une poignée de cadres intermédiaires par des parlementaires américains en octobre, il s'était quelque peu désolidarisé de la ligne officielle.

« J'en conviens que c'est très difficile à croire », avait-il répondu. « Personnellement, moi-même j'ai du mal » à le croire, avait-il glissé.

Son départ tombe au lendemain d'une nouvelle offensive du ministère de la Justice (DoJ), qui a adressé au groupe allemand une demande d'informations supplémentaires dans le cadre de son enquête, avait indiqué à l'AFP une source proche du dossier sous couvert d'anonymat.

Le DoJ se demande, avait expliqué la source, si VW n'a pas abusé des incitations fiscales américaines puisque nombre de clients ayant acheté des véhicules au centre du scandale ont bénéficié d'un crédit d'impôt de 1300 dollars destiné à l'achat des voitures « propres ».

Ce nouveau front pourrait alourdir le montant de la pénalité financière qu'encourt Volkswagen aux États-Unis, où 600 000 véhicules sont affectés par l'affaire.

Le constructeur automobile a reconnu au total avoir installé des logiciels truqueurs dans 11 millions de voitures dans le monde, un scandale qui a fait fondre la valeur de son titre en Bourse.

Il a rejeté la faute sur une « poignée de personnes » : quelques cadres ont été suspendus ou limogés depuis l'éclatement de l'affaire, notamment le directeur de la recherche de la filiale Audi.

Mais d'après les récentes révélations, Martin Winterkorn aurait pu être au courant du problème dès mi-2014, quand un document interne l'a alerté sur les questions soulevées par l'autorité californienne de l'Environnement.

Les ventes du groupe aux États-Unis sont en chute continue depuis six mois. En février, elles ont plongé de plus de 13 %.