Les Canadiens achètent des véhicules plus gros, plus gourmands. Avec la baisse des prix de l'essence, la conscience environnementale semble prendre la voie de garage.

PLUS DE CAMIONNETTES

En 2015, près de deux véhicules sur trois achetés par des Canadiens étaient des fourgonnettes, des camionnettes ou des véhicules utilitaires sport (VUS). Seulement un véhicule sur trois était une voiture. Il s'agit d'un revirement total par rapport à 1990. À l'époque, la part de marché des camions légers était de seulement 31,3 %, alors que celle des voitures était de 68,7 %.

« Globalement, la consommation de carburant des véhicules vendus au Canada s'est détériorée, affirme Dennis DesRosiers, de la firme ontarienne DesRosiers Automotive Consultants, dans une entrevue avec La Presse Affaires. Tant pis pour la lutte contre les changements climatiques. »

LE DÉCLIN DES VOITURES COMPACTES

En 2015, les ventes d'automobiles sous-compactes ont chuté de 21,2 % et celles des automobiles compactes ont diminué de 5,2 %, selon les données colligées par DesRosiers Automotive Consultants. Parallèlement, les ventes de véhicules utilitaires sport sous-compacts ont explosé de 54,6 % et celles des VUS compacts ont augmenté de 9,2 %.

« Un VUS compact a une consommation d'essence de 20 % supérieure à celle d'une voiture compacte, note M. DesRosiers. Mais les consommateurs se disent qu'ils sont responsables parce qu'ils achètent un véhicule "compact", même si dans les faits ce n'est pas un véhicule efficace. »

L'HYBRIDE PERD DE LA VITESSE

Selon Dennis DesRosiers, les ventes de véhicules hybrides ont diminué d'environ 15 % au Canada en 2015. Il n'a pas encore colligé les données pour le Québec, mais il estime que la diminution y est comparable.

La vente de véhicules électriques a augmenté dans la province, mais il s'agit encore de chiffres minuscules : 780 véhicules électriques en 2014, 990 en 2015.

Les Québécois ont acheté 37 % de tous les véhicules électriques au Canada.

« Cela représente moins de la moitié d'un pour cent des véhicules vendus dans la province, fait valoir M. DesRosiers. Les gens n'en veulent pas. »

L'ESSENCE EN CAUSE

Le faible coût de l'essence explique en bonne partie la popularité croissante des véhicules plus gourmands.

« Ce que la recherche montre, c'est que même si ce n'est pas rationnel à moyen ou à long terme, le prix de l'essence a un impact sur le type de véhicule vendu, indique Yan Cimon, professeur à la faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval. Si l'essence est très peu chère, comme au sud de la frontière, ou est raisonnable, comme au Canada, les consommateurs vont moins hésiter à se tourner vers des véhicules énergivores. Ils anticipent mal ou n'anticipent pas les fluctuations des prix de l'essence. »

VENTES DES PRINCIPAUX MANUFACTURIERS D'AUTOMOBILES AU CANADA EN 2015

Ventes de 2015 par rapport à celles de 2014 / Part de marché

FCA (Chrysler) : +1,1 % / 15,4 %

Ford : -4,6 % / 14,7 %

General Motors : +5,4 % / 13,9 %

Toyota : +2,0 % / 9,9 %

Honda : +2,4 % / 8,2 %

Hyundai : -1,8 % / 7,1 %

Nissan : +12,8 % / 6,2 %

Mazda : -0,5 % / 3,8 %

Volkswagen : +7,1 % / 3,7 %

Kia : -3,0 % / 3,6 %

Source : DesRosiers Automotive Consultants

LES AMÉRICAINES ENCORE DANS LA COURSE

Les trois grands de l'automobile continuent à dominer les ventes, note Yan Cimon, professeur à la faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval.

Les ventes de Ford ont diminué de 4,6 % en 2015, mais celles de FCA (Chrysler) et de General Motors ont progressé.

« Ce n'est pas l'hécatombe du côté des constructeurs américains, comme on aurait pu le croire », déclare M. Cimon.

Il attribue cette situation à un accès facile au crédit actuellement, mais aussi à un retour en force des incitatifs à la vente. Les constructeurs avaient mis la pédale douce sur ces incitatifs à l'occasion de la récession de 2008-2009.

« Les Américains sont revenus à leurs anciennes pratiques », affirme M. Cimon.

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Consultez le rapport de DesRosiers Automotive Consultants sur les ventes au Canada en 2015