Le constructeur automobile japonais Toyota (TM), numéro un mondial depuis 2012, a été détrôné au premier semestre 2015 par l'allemand Volkswagen, mais les deux géants sont au coude à coude et la compétition s'annonce très serrée.

Entre le 1er janvier et le 30 juin, le groupe nippon a écoulé 5,022 millions de véhicules (Toyota, voitures de luxe Lexus, mini-véhicules Daihatsu, poids lourds Hino), contre 5,04 millions pour Volkswagen, selon des chiffres publiés mardi.

L'américain General Motors [[|ticker sym='GM'|]], troisième constructeur, a pour sa part livré 4,86 millions de véhicules sur la période.

Toyota a vu ses ventes se replier de 1,5% sous l'effet d'un plongeon de 11,5% au Japon, où les mini-véhicules ont particulièrement souffert de la conjoncture morose. Il s'agit «du premier recul en deux ans» dans sa patrie, précise le fabricant de la région de Nagoya (centre) qui vise un total de 10,15 millions de véhicules (-1%) sur l'ensemble de l'année.

En 2014, Toyota et Volkswagen étaient au coude à coude, le premier affichant 10,23 millions au compteur, le second 10,14 millions.

Le fabricant de la citadine Yaris et de la voiture hybride Prius avait conquis en 2008 la première place mondiale, monopolisée par General Motors durant plus de 70 ans.

Toyota est depuis resté maître du secteur, à l'exception d'un intermède d'un an à cause du séisme et du tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon. Mais le gel des constructions d'usines décidé en 2013 par le PDG Akio Toyoda, dans le but de «renforcer la compétitivité», a pesé sur les ventes.

Dans le but de ne pas se laisser distancer, il a récemment décidé de repartir de l'avant, dévoilant des projets au Mexique et en Chine. Il faudra cependant attendre 2019 pour que ces nouvelles installations tournent à plein régime.

«Pas une ambition en soi»

À l'inverse, Volkswagen, firme aux 12 marques présentes tant dans les voitures (Audi, Porsche, VW, Seat, Bentley...) que dans les camions (MAN, Scania), les bus et les motos (Ducati), a investi à tour de bras et compte environ 120 sites de production dans le monde (contre moins de 70 pour Toyota). En début d'année, elle a annoncé un programme de 107 milliards d'euros sur 5 ans, dont plus de 20 milliards rien qu'en Chine.

Le titre mondial est à portée de main en cette année 2015, mais «la course sera très serrée», prédit Hans Greimel, correspondant en Asie du magazine américain Automotive News, contacté par l'AFP.

Volkswagen, dont les ventes ont fléchi (-0,5%) au premier semestre dans un environnement économique délicat, «ne s'est démarqué que d'une courte tête», note-t-il. Il est d'ailleurs ironique qu'il vole maintenant la vedette à Toyota, alors qu'analystes et presse jouent les Cassandre sur ses performances mitigées, quelques mois après une crise de direction.

Victime du ralentissement de la croissance en Chine, son premier marché, le groupe allemand y a accusé la première baisse de ses ventes depuis environ 10 ans, tandis que Toyota-Lexus, qui part certes de bien plus loin, a enregistré un bond de 10% (et même de 41% sur le seul mois de juin).

C'est une lutte entre deux colosses qui se joue à bien des égards, avec des chiffres à faire tourner la tête: un bénéfice net supérieur à 10 milliards d'euros, un chiffre d'affaires de plus de 200 milliards et des centaines de milliers d'employés (340 000 pour Toyota, 500 000 pour VW).

Pour Toyota cependant, «ce n'est pas vraiment une course», souligne M. Greimel. Depuis la crise financière et une éprouvante crise des rappels aux États-Unis en 2009-2010, «M. Toyoda a délibérément choisi de ne pas se focaliser sur le volume».

«Si être numéro un est une source de fierté, ce n'est pas une ambition en soi. Je ne pense pas que Toyota changera de stratégie parce qu'il s'est fait dépasser de 20 000 véhicules», juge l'analyste automobile. De fait, le constructeur a coutume de répéter que «son succès ne se mesure pas» en nombre de véhicules vendus.

Il n'empêche, les résultats trimestriels de deux rivaux, publiés mercredi pour VW, le 4 août pour le japonais, seront suivis avec attention pour cerner les forces en puissance.