Confronté à un effondrement des ventes automobiles de plus en plus douloureux en termes d'emplois, le gouvernement russe a dévoilé lundi de nouvelles mesures de soutien du secteur chiffrées à près de 400 millions d'euros.

Quelques jours après la décision surprise du géant américain General Motors de quitter en grande partie le marché russe, c'est l'Allemand Volkswagen qui a annoncé lundi des coupes dans ses effectifs.

L'industrie automobile, très sensible à l'évolution du taux de change et de la consommation des ménages, est l'une des plus durement touchées par la récession qui, de l'avis général, a commencé en Russie depuis le début de l'année après l'effondrement du rouble de la fin 2014, conséquence d'une année de crise ukrainienne et de la chute des cours du pétrole.

Une semaine après avoir prolongé le programme de prime à la casse lancé l'été dernier, le premier ministre Medvedev a dirigé lundi une réunion consacrée à cette situation «difficile».

Le plan préparé par le ministère de l'Industrie représente «un coût total d'environ 25 milliards de roubles», soit 390 millions d'euros, a indiqué M. Medvedev en précisant qu'il soutenait «totalement ces idées».

Ces mesures prévoient notamment des subventions pour réduire le coût des crédits automobiles et des achats de véhicules utilitaires par des structures publiques.

«Si aucune mesure de soutien n'est prise, le marché chutera de 50%» cette année, a prévenu le ministre de l'Industrie Denis Mantourov, cité par les agences russes à l'occasion d'une conférence de presse. «Si on prend en compte les mesures prises depuis le début de l'année plus celles annoncées aujourd'hui, le marché reculera environ de 24%», a-t-il ajouté.

Le marché automobile russe, devenu le deuxième en Europe après l'Allemagne en 2012 et dans lequel les constructeurs ont massivement investi ces dernières années, a reculé de 10% en 2014 et de 32% en janvier-février par rapport à la même période un an plus tôt.

- Hémorragie des constructeurs? -

Cette déroute a été illustrée la semaine dernière par la décision du géant américain General Motors de retirer sa marque Opel de Russie et de limiter la présence de la marque Chevrolet à quelques modèles haut de gamme. Ces mesures vont se traduire par la fermeture de son usine de Saint-Pétersbourg, qui emploie 3.000 personnes.

Elles ont créé un choc en Russie qui craint désormais une hémorragie parmi les autres constructeurs, qui prennent des mesures de plus en plus drastiques de coupes d'effectifs et de chômage technique.

Volkswagen, dans un communiqué diffusé lundi, a annoncé la fermeture de son usine de Kalouga, au sud de Moscou, pendant plusieurs jours en avril et en mai et la réduction des cadences. Avant la mise en place d'un plan de départs volontaires, 15O emplois temporaires ne seront pas renouvelés et 120 employés ont été envoyés en formation en Allemagne.

Le constructeur allemand assure que la Russie «présente toujours des perspectives importantes de croissance à long terme», mais elle le reconnaît: aucune amélioration n'est attendue «dans les mois à venir».

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a de son côté assuré la semaine dernière que la chute actuelle des ventes serait suivie d'une «croissance vigoureuse» et que General Motors se trouverait alors «parmi les perdants».

Après l'annonce de GM, l'américain Ford, qui a supprimé 700 postes l'an dernier dans son usine de Saint-Pétersbourg et a subi un mouvement de grève à la mi-mars, s'est empressé de répéter son engagement à long terme en Russie, où il compte lancer quatre modèles cette année.

Renault, qui avec son partenaire Nissan a pris le contrôle de la première marque russe Lada, a suspendu pendant trois semaines la production de son usine de Moscou fin février début mars.