L'entente conclue avec Icahn Enterprises pour la vente des activités de distribution de pièces automobiles d'Uni-Sélect (T.UNS) aux États-Unis pourrait bien être le catalyseur d'un prochain mouvement de fusions et acquisitions dont l'entreprise de Boucherville serait le coeur.

L'entente de 340 millions US annoncée lundi a relancé l'intérêt pour l'entreprise au profil bas, en Bourse hier. Uni-Sélect a bondi de 15%, à 36,99$, tandis que plus d'un demi-million d'actions changeaient de mains. Le titre a presque doublé depuis sa restructuration entamée il y a un an et demi.

Uni-Sélect est aujourd'hui l'un des 20 rares titres de la Bourse de Toronto unanimement recommandés par les analystes (parmi les entreprises suivies par un minimum de cinq analystes). Michael Glen, de la Banque Laurentienne, s'est rallié aux six autres observateurs avisés, hier, alors qu'apparaissait tout le potentiel de croissance de l'entreprise qui a investi 45 millions dans sa réorganisation et l'implantation de nouveaux systèmes de gestion.

L'expert de la Laurentienne relève que l'accord qui touche près de 3000 employés a été conclu plutôt rapidement et sans plus de magasinage avec le conglomérat de Carl Icahn, qui aurait commencé la démarche en janvier. Selon lui, cela démontre le fort intérêt de l'investisseur militant et met en lumière toute la valeur insoupçonnée d'Uni-Sélect.

Mainmise sur Uni-Sélect?

Selon Michael Glen, d'autres acheteurs pourraient se manifester pour l'entreprise de Boucherville, que ce soit pour les activités restantes ou même pour l'entité entière. Libre de toute dette après la cession de la quasi-totalité des actifs d'Uni-Sélect USA et de Beck/Arnley Worldparts, «l'entreprise serait particulièrement attrayante pour un fonds d'investissement privé cherchant à stimuler son rendement par un effet de levier financier», écrit-il.

La direction d'Uni-Sélect nie catégoriquement vouloir se départir des activités québécoises de distribution de peinture automobile, FinishMaster, et des activités canadiennes de pièces et de peinture automobiles. Mais «elle devra tenir compte de toute offre sérieuse dans son intégralité», rappelle l'analyste de la Laurentienne.

La cible de Carl Icahn

Icahn Enterprises est un conglomérat diversifié présent tant dans le secteur de l'énergie, que des jeux et de l'immobilier. Sa filiale de pièces pour véhicules, Federal-Mogul Holdings, pèse 1,8 milliard sur des avoirs totaux de plus de 20 milliards US.

«Avec le marché haussier ces cinq dernières années, il est devenu de plus en plus difficile de trouver des entreprises que nous jugeons sous-évaluées et qui ont un potentiel de croissance. C'est pourquoi nous étions heureux lorsque nous avons appris que le segment d'Uni-Sélect aux États-Unis était disponible», a expliqué Carl Icahn dans un communiqué, hier.

Le milliardaire, qui a bâti sa fortune sur des raids boursiers hostiles, est notamment en campagne pour qu'Apple accélère ses rachats d'actions. Il a déjà obtenu qu'eBay essaime sa filiale de paiement électronique PayPal cette année pour en maximiser la valeur. L'investisseur de 78 ans s'est aussi invité chez le loueur de voitures Hertz tout en évoquant son «manque de confiance dans la direction» du groupe.

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LA RECOMMANDATION

L'analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, estime lui aussi que l'entente avec le conglomérat de Carl Icahn «change la donne» pour Uni-Sélect. L'entreprise québécoise, qui faisait déjà l'objet d'une recommandation d'achat, vient d'ailleurs de rejoindre le groupe des titres favoris (top picks) de Desjardins. Benoit Poirier croit que le bilan assaini du distributeur lui ouvre beaucoup d'occasions de croissance par développement interne ou par fusions et acquisitions. C'est déjà 8$ de gagnés par action, selon l'analyste qui voit le titre à 43$ d'ici 12 mois.